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la vie

Sept nombres qui peuvent vous sauver la vie

 

Parennts enfants


Un peu de calcul peut faire une grosse différence pour votre santé.

75 minutes

Faites 75 minutes de sport par semaine.

L'idéal est de les répartir en 3 séances de 25 minutes d'exercices fractionnés à haute intensité.

Après une dizaine de minutes d'échauffement, faites une activité à fond pendant 45 secondes à 1 minute, puis récupérez pendant la même période.

Recommencez 8 fois.

Selon la recherche actuelle, c'est le meilleur moyen d'améliorer votre santé et de prévenir les maladies (je vous expliquerai en détail dans une prochaine lettre sur laquelle je travaille comment et pourquoi fractionner ses exercices physiques).

À noter que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 150 minutes d'exercice modéré par semaine. C'est bien aussi. Mais pas tout à fait aussi bien (voir ma lettre « Arrêtez le jogging »)… (la suite ci-dessous)


Du vélo contre l'ostéoporose !

Le simple fait de se déplacer à pied ou en vélo, de porter des sacs de courses, de monter des marches, contribue à maintenir les os épais et en bonne santé. Associé à un apport nutritif adéquat, c'est la thérapie LA PLUS EFFICACE contre l'ostéoporose.

La rédaction d'Alternatif Bien-Être vous donne toutes les clés de cette thérapie complète, développée pour les cosmonautes à leur retour de l'espace. Découvrez ici le dossier exclusif d'Alternatif Bien-Être consacré à cette thérapie trop peu prescrite.

0.85 gramme par litre de sang

Votre taux de sucre dans le sang, ou glycémie, est une mesure très importante de votre état de santé.

On mesure votre taux d'hémoglobine A1C (un test qui indique votre taux de sucre moyen durant les mois précédents) qui doit être inférieur à 5,7 %.

Par ailleurs, votre glycémie à jeun doit être inférieure à 1 gramme par litre. Le taux optimal est de 0,85 gramme par litre.

À jeun veut dire au moins 12 heures après votre dernier repas.

Si votre glycémie à jeun est plus haute, c'est mauvais signe. Si elle dépasse 1,26 g par litre, vous serez malheureusement considéré comme diabétique, une maladie qui augmente le risque de très nombreuses maladies (maladies cardiaques, problèmes de rein, cécité, cancer…)

Si vous pensez être concerné, demandez à votre médecin des analyses. La bonne nouvelle est que la pratique des exercices fractionnés de haute intensité, comme décrits ci-dessus, et une diminution de poids de 7 % réduit de 57 % le risque d'un prédiabétique de développer un vrai diabète.

Connaissez-vous votre tension?

La pression sanguine est la force exercée par le sang sur la paroi des vaisseaux.

Elle se mesure en mm ou en cm de Mercure (mm Hg ou cm Hg). En médecine, on parle de pression artérielle, ou tension artérielle.

Dans les artères proches du cœur, la pression est maximum au moment où le cœur se contracte. Ce moment est appelé la systole. Elle est minimum quand le cœur est complètement relaxé. Ce moment s'appelle la diastole.

Lorsque le médecin mesure votre pression sanguine, il va prendre votre pression systolique et diastolique. C'est pourquoi les résultats se présentent sous forme de deux nombres. Par exemple, une tension artérielle peut-être de 12-8, pour 12 cm de mercure de pression systolique, et 8 cm de mercure de pression diastolique.

Il n'y a pas de tension idéale, cela dépend des personnes. Par contre, il est important de connaître votre tension pour repérer une éventuelle modification.

Si votre tension se met à monter, cela peut annoncer un accident cardiovasculaire. Comme pour le taux de sucre, vous maintenez votre pression sanguine normale par des exercices réguliers et une alimentation saine. Et aussi : ne fumez pas.

Calculez votre Fréquence Cardiaque Maximum

Votre cœur bat à un rythme qui évolue constamment en fonction de vos besoins : dès que vos muscles ont besoin de plus d'oxygène, il accélère.

La question pour vous est de savoir : quel est le rythme maximal auquel mon cœur peut fonctionner ?

Cela dépend de l'âge, de votre poids et de votre état de santé.

Cela s'appelle la Fréquence Cardiaque maximum, ou FCmax.

Son évolution vous permet de suivre objectivement l'évolution de votre forme physique.

Pour la calculer, je vous invite à vous rendre sur cette fiche réalisée par Philippe Propage, entraîneur d'athlètes de niveau international.

Poids : de 18 à 25

Pour déterminer votre poids idéal, vous devez calculer votre indice de masse corporelle, ou IMC.

Vous obtenez votre IMC en divisant votre poids par votre taille au carré, c'est-à-dire votre taille (en mètres) multipliée par elle-même.

Si cela vous pose trop de problème, suivez ce lien vers un calculateur d'IMC gratuit.

L'IMC normal est compris entre 18,5 et 25.

Un IMC supérieur à 25 correspond à une personne en surpoids, qui a déjà un risque accru de maladie cardiaque, articulaire, de diabète et de cancer. Au-delà de 30, il y a un problème d'obésité.

L'IMC est une méthode fiable pour les adultes de 18 à 65 ans, mais ne peut pas être utilisée telle quelle pour les femmes enceintes ou qui allaitent, les seniors, les athlètes d'endurance ou les personnes très musclées.

Vous devez aussi faire attention si votre IMC est normal mais que vous avez beaucoup de graisse abdominale (voir point suivant).

Moins de 0.8 pour les femmes et 0.95 pour les hommes

Si vous divisez votre tour de taille par votre tour de hanches, vous saurez si vous êtes plutôt du type « pomme » ou « poire ».

Votre but est que ce ratio soit inférieur à 0,80 pour les femmes, et inférieur à 0,95 pour les hommes.

Au-delà, vous augmentez votre risque de diabète, maladie cardiaque et certains cancers.

10 000 par jour

Pour se maintenir en bonne forme physique, en plus des exercices fractionnés, il faut faire 10 000 pas par jour.

Une activité normale vous fait faire spontanément 6000 à 7000 pas dans la journée.

Une marche de 30 minutes à intensité modérée représente 3000 à 4000 pas pour un adulte en bonne santé.

Si vous cumulez les deux, vous atteignez un taux normal. Mais vous pouvez le confirmer en vous équipant d'un podomètre. De nombreux smartphones permettent également de calculer le nombre de pas que vous faites par jour.

Cependant, les personnes obèses doivent, elles, viser 15 000 à 18 000 pas par jour.








 

 


 

Face aux épreuves de la vie , combattre, fuir, ou subir ?

À l’école ou au travail, dans la vie privée ou dans la vie sociale, les épreuves sont multiples. La façon d’y faire face se résume à trois stratégies fondamentales : combattre, fuir ou… ne rien faire.

Au XIXe siècle, les voyages d’exploration étaient à la mode. En ce début de xxie siècle, un autre genre prolifère, la descente aux enfers suivie d’une éventuelle renaissance : traders repentis, anciens alcooliques redevenus sobres, ex-taulards en rédemption, anciens chômeurs tirés d’affaire, malades sortis de la dépression, etc.

Ceux qui n’ont pas connu personnellement la galère – la drogue, le chômage, une grave maladie, la prison ou même simplement un divorce brutal – peuvent toujours s’en faire une idée en lisant un roman, un récit, ou une étude sur le sujet. La littérature de la déchéance, suivie de sa rédemption, se porte bien.

Qu’est-ce qu’une épreuve ?

Ouvrons par exemple La guerre des cités n’aura pas lieu du jeune chanteur et écrivain Abd al Malik (1). Ce n’est pas un chef-d’œuvre mais un roman vécu édifiant. Le jeune Noir Peggy (un nom de fille) vit dans une cité de Strasbourg. Il connaît le destin très ordinaire d’une petite « racaille » : une famille décousue, des embrouilles à l’école, le racisme quotidien, la petite délinquance, un premier séjour en prison. Mais son histoire bifurque lorsqu’il fait la connaissance d’un médecin de la cité : un jeune Français qui s’est converti à l’islam. C’est une révélation. La vie ne se résume pas au modèle qu’il a jusque-là côtoyé. Il découvre une philosophie – le soufisme (une version mystique de l’islam). C’est le début d’une renaissance. Il décide d’abandonner la vie de ses camarades, la délinquance, la drogue…, pour une autre vie.

Les sociologues sont, pour une fois, à peu près tous d’accord : notre époque est marquée par l’instabilité des statuts et des trajectoires. Les études n’ont jamais été jamais été aussi longues, mais restent hésitantes, chaotiques et scandées de bifurcations (2) ; la vie professionnelle est également plus instable et marquée par des ruptures et reconversions, subies ou volontaires. Le couple et la famille connaissent aussi les aléas des séparations et recompositions.

La notion d’« épreuve » vise à décrire ces situations humaines où les rêves et projets personnels que nous portons tous en nous se heurtent à la réalité. En première approximation, on peut définir l’épreuve comme un « défi (…) que les individus sont contraints d’affronter (3) ». Une définition aussi large a le mérite de pouvoir embrasser un large spectre de situations : le doctorant qui prépare sa thèse, le jeune créateur d’entreprise qui se lance à l’aventure, le coureur qui s’entraîne dur pour son prochain marathon, la jeune mère qui vient de divorcer et se retrouve seule avec ses deux enfants, cet immigré afghan sans papiers qui tente de passer les frontières pour rejoindre une terre d’asile dans l’espoir de se construire une nouvelle vie.

Le seul point commun de ces situations est peut-être d’exiger des individus une mobilisation personnelle en vue de réaliser leur rêve ou de faire face à un obstacle sur leur chemin. Le décor est planté et la trame du scénario ne varie guère. Un héros (vous, moi, nous tous…) est confronté à un défi : réussir un concours, trouver un compagnon (ou une compagne), affronter la maladie, partir en quête d’un nouveau travail. De là découle une problématique dont les ressorts sont assez universels.

Les trois stratégies

« Confronté à une épreuve, l’homme ne dispose que de trois choix : combattre, ne rien faire ou fuir », écrivait en 1976 le biologiste Henri Laborit (4). À cette époque, H. Laborit étudiait alors des rats de laboratoire en situation de stress. Placé face à un rival agressif, un rat n’a d’autre issue que d’affronter son adversaire, de détaler ou de courber l’échine et se soumettre aux coups de son agresseur. Un problème, trois solutions : combattre, fuir, subir.

Il se trouve qu’à la même époque, le socioéconomiste Albert O. Hirschman était arrivé à des conclusions similaires, mais à partir d’un tout autre point de vue. Il étudiait quant à lui les stratégies des salariés ou des consommateurs mécontents. Puis il a généralisé son analyse aux électeurs insatisfaits ou citoyens frustrés. Il en a déduit un « répertoire d’actions » de portée générale se résumant à trois formules : exit (partir), voice (protester), ou loyalty (se soumettre). Le salarié mécontent peut décider de protester. L’autre choix consiste à partir et chercher mieux ailleurs (5). Le dernier consiste à rester fidèle, malgré ses frustrations, à son entreprise ou à son foyer.

Combattre

Quel point commun y a-t-il entre un sportif qui s’entraîne en vue d’une compétition, un étudiant qui prépare un concours, un alcoolique qui fait une cure de désintoxication, une mère qui se bat pour son enfant malade ? Tous sont engagés dans un combat qui, comme tout combat, exige la définition d’un but, d’une stratégie et la mobilisation de ressources.

La formulation d’un objectif de vie – scolaire, professionnel, personnel… – engage tout un ensemble de finalités, d’idéaux et de valeurs associés. Cet ensemble se cristallise parfois autour d’un modèle identificatoire. Dans le roman de Abd al Malik, le jeune Peggy s’identifie au médecin français qui s’est converti à l’islam. Ce personnage clé, très différent de toutes les autres personnes de son entourage, l’intrigue, l’attire, il voudrait lui ressembler. C’est son héros intérieur.

Le jeune footballeur qui aspire à devenir joueur professionnel, l’étudiant qui voudrait devenir chercheur ou cinéaste, s’entourent d’affiches, de livres, de portraits des « héros » qui les inspirent. Le psychologue George H. Mead appelait « autrui significatif » ces personnages de références qui servent de support identificatoire. Les témoignages sur les processus de changement personnel soulignent l’importance de ces personnages de référence dans la « socialisation anticipatrice » ou « socialisation active » (6).

La transformation de soi s’appuie ensuite sur une discipline de vie nouvelle. X était alcoolique et a décidé de sortir de la dépendance (7). Il sait qu’il doit s’éloigner de certaines tentations (les sorties avec certains amis, par exemple), fréquenter de nouveaux lieux, adopter de nouvelles habitudes.

Le recours à la volonté passe par des messages personnels (« tu dois être fort », « tu ne vas plus te laisser tenter »). Il faut donc apprendre peu à peu à s’observer pour cerner ses propres points faibles (« tu ne dois pas passer devant le rayon alcool au supermarché »). Un intense travail d’autoanalyse se met en place qui consiste à analyser ses « démons » (ses faiblesses) ou à trouver des trucs personnels pour se mobiliser. Tous les individus soumis à des épreuves importantes – sportifs de haut niveau, thésards en phase de rédaction, boulimiques en période de régime… – le savent bien, il faut apprendre à se connaître pour changer et agir sur soi.

Cette mobilisation psychique relève de ce que les sociologues nomment la réflexivité : une autoanalyse de ses propres buts, de ses motivations et des moyens d’accomplir ses objectifs.

Mais la volonté étant souvent fragile, l’individu sait qu’il doit aussi éviter les lieux et les moments critiques, et trouver de nouvelles aides pour l’aider dans son combat.

Même lorsque l’on affronte seul une épreuve, le poids de l’entourage est essentiel. Le sociologue Robert Castel a insisté sur la possibilité de « disposer de réserves de type relationnel, culturel, économique, etc., qui sont les assises sur lesquelles peut s’appuyer la possibilité de développer des stratégies individuelles (8) ». Les alcooliques ou les drogués participent ainsi à des groupes de soutien pour s’épauler. Les étudiants qui préparent un concours aiment parfois se regrouper pour travailler ensemble et se soutenir dans l’effort, les sportifs savent que l’adhésion à un club ou l’aide d’un coach est indispensable pour se soutenir, s’épauler et se conseiller.

Fuir

Face à une grande épreuve, plutôt que de combattre il peut être bon de fuir. Nombre d’élèves de classes préparatoires aux grandes écoles, sentant qu’ils ne pourront pas tenir le rythme de travail, « décrochent » avant la fin ; de plus en plus nombreux sont les cadres salariés, surmenés et surbookés, qui décident de quitter leur emploi pour changer de vie (10). Dans les couples, quand on ne s’entend plus, il n’est plus de mise de chercher à tout prix à recoller les morceaux : on se sépare. Dans son Éloge de la fuite, H. Laborit rappelle que la fuite a quelque chose de sain et salutaire.

La fuite n’est pas forcément de la lâcheté : c’est une condition de survie dans le monde vivant. Il n’est pas lâche de vouloir changer d’études si l’on s’est rendu compte qu’elles ne correspondaient pas à ses attentes. Prendre le large, changer de travail, quitter une relation de couple devenu invivable… L’exil, l’évasion et le départ pour un nouveau milieu sont l’un des moteurs de l’histoire humaine.

Il existe plusieurs façons de fuir : le départ, la démission, l’abandon, la fugue, l’exil, l’arrêt. Des doctorants abandonnent leur thèse, des femmes quittent leur mari, des pères fuient leur foyer, des salariés démissionnent ou se font mettre en longue maladie, des élèves sèchent les cours, des adolescents fuguent, des émigrés fuient leur région, etc.

La fuite n’est pas toujours un échec : on peut chercher à s’échapper vers le haut (l’ascension sociale en est un moyen). On peut profiter d’un départ pour construire une nouvelle vie : c’est le grand espoir des immigrés pauvres. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre. Voilà ce que ressentent beaucoup de femmes divorcées. Après une première phase difficile, elles considèrent après coup que leur décision de rompre a été une bonne décision qui les a « libérées ».

Il n’est peut-être pas toujours bon de chercher à résoudre les problèmes. Parfois, il est plus sain d’abandonner. La fuite peut donc être un acte positif, même si elle emporte souvent avec elle un parfum d’échec ou de culpabilité.

Mais il est aussi des formes de fuite qui n’en sont pas vraiment : la fuite dans l’imaginaire. Ce faux départ s’apparente plutôt à la troisième stratégie face aux épreuves : elle consiste à ne rien faire.

Subir

Quand une personne est mécontente de sa situation, trois solutions se présentent à elle, nous dit A.O. Hirschmann : partir, protester ou…, se résigner, ce qu’il nomme la « loyauté ». Ce que H. Laborit appelait « ne rien faire ».

Dans un article remarqué paru en 1988, Guy Bajois, un sociologue de l’université de Lille, a corrigé cette typologie (11). Le sociologue fait remarquer que la stratégie qui consiste à « ne rien faire » recouvre en fait des attitudes très différentes : elle va de la participation active (loyauté) à la résignation passive qu’il nomme « apathie ». À l’appui de sa démonstration, il cite l’exemple de M. X, un cadre salarié de 40 ans dont l’itinéraire fut le suivant : lorsqu’il a été embauché, il était relativement enthousiaste et voulait apporter de nouvelles idées et projets à son entreprise. C’était la phase de loyauté. Mais il s’est bientôt heurté à la réticence et à l’inertie de la direction. Ayant acquis de l’expérience et de l’assurance, il est alors entré dans une logique de protestation (voice). Mais le coût humain du conflit et la difficulté à faire avancer ses propositions l’ont conduit à envisager de partir ; il voulait alors faire défection (exit). Mais à 40 ans, avec des charges de famille, un salaire convenable, le risque de départ était élevé. Du coup, bien que n’ayant plus confiance dans l’organisation et ses dirigeants, il a décidé de rester en se contentant de « faire son boulot » a minima, tout en profitant des avantages de son statut.

Face à une épreuve, la stratégie « ne rien faire » recouvre en fait un spectre de comportements assez différents. La loyauté est une forme d’acceptation active malgré les désaccords et désagréments. C’était le cas de M. X, mais aussi de millions de salariés qui s’acquittent de leur tâche faute de mieux en rongeant leur frein, en ruminant leur rancœur et en attendant la retraite. C’est aussi le cas de couples qui cohabitent mais ne s’entendent plus ; c’est aussi l’épreuve d’étudiants qui se sentent pris au piège dans une formation qui ne leur convient plus et ne voient pas d’issue pour s’en sortir.

Subir sans ne rien pouvoir faire est, pour H. Laborit, la pire des situations : c’est celle du rat qui reste en cage et doit subir les assauts du rat dominant, celle du prisonnier confiné dans sa cellule, celle de l’élève bouc émissaire qui subit en silence les vexations de petits caïds de l’école, celles du salarié qui se sent incompris et harcelé. La passivité face à l’épreuve est très coûteuse psychologiquement. L’inhibition de l’action (impossibilité de partir ou de combattre) produit des syndromes pathologiques de stress, perte de sommeil, idées obsessionnelles, dépression et troubles somatiques.

Face aux frustrations, notre système psychique a élaboré des dispositifs de protection qui lui permettent d’éviter les plus graves dommages psychologiques. Ces « mécanismes de défense » sont autant de formes de protection psychologique. Dans Protéger son soi (Odile Jacob, 2010), le psychiatre Alain Braconnier décrit la grande diversité des « mécanismes de défense » dont on dispose pour se protéger : les formes d’évasion symbolique, de compensations psychologiques ou d’investissement parallèle (encadré ci-dessous).

Ces modes d’adaptation psychologique ont leur versant sociologique. Les sociologues ont repéré depuis longtemps l’existence de stratégies de protection. Dans les usines soumises aux cadences tayloriennes, les ouvriers adoptaient le « freinage », une forme de résistance passive consistant à limiter volontairement des cadences. Michel Crozier a décrit les stratégies d’employés cherchant à préserver au maximum des « zones d’autonomie » dans leur travail.

Pour faire face à l’insécurité, aux risques, aux peurs de déclassement, les individus cherchent à se construire des niches, des digues, des boucliers de protection, des petits nids, des cocons, des bulles protectrices (12).

Le sociologue Danilo Martuccelli a mené une enquête sur les épreuves de la vie dans la France d’aujourd’hui (13). Pour cela, il a rencontré une centaine de personnes habitant le Nord de la France, toutes âgées de 30 à 50 ans. Chacune a été interrogée sur son parcours scolaire (l’épreuve de l’école), sa carrière professionnelle (l’épreuve du travail), sa vie de famille (l’épreuve domestique) et son lieu de vie (l’épreuve de l’habitat).

La façon dont les individus affrontent leurs épreuves se décline de multiples manières. Certains sont désabusés, d’autres combatifs, certains s’engagent dans la vie citoyenne, d’autres cultivent leur jardin privé. Tout l’arsenal des stratégies est mobilisé : l’influence des modèles (comme pour François qui, fils d’ouvrier, a pris modèle sur un copain de classe, fils d’ingénieur qu’il admirait), l’importance de la réflexivité (comme Jean-Claude, qui a complètement changé d’orientation et de vision du monde suite à un voyage aux États-Unis et l’examen de conscience qui a suivi), le rôle des supports extérieurs (Madeleine qui s’est appuyée sur le soutien indéfectible d’une assistante sociale et de ses grands enfants lors de sa reconversion).

Les défis de nos vies

Au terme de cette exploration où se côtoient des itinéraires multiples et des stratégies diverses, il apparaît tout de même un constat général. Chaque individu doit affronter au cours de sa vie plusieurs grands types d’épreuves : scolaire, travail, domestique, sans parler des engagements collectifs ou des grands projets personnels. Ces épreuves ne font pas que se succéder les unes les autres, elles ont tendance à se chevaucher et s’entremêler. Les individus que nous sommes doivent affronter des épreuves parallèles. Incapables d’être sur tous les fronts à la fois, nous sommes donc amenés à adopter en même temps tout le spectre des stratégies disponibles.

« Les épreuves sont souvent désynchronisées et contradictoires entre elles. Des sanctions négatives dans un domaine sont simultanément positives dans un autre – et, plus largement, les difficultés actuelles et passées se compensent (14). » C’est le cas pour cet ouvrier qui, ayant abandonné l’école avant le bac, n’a pas eu une carrière professionnelle très exaltante. Mais, excellent chanteur, il s’épanouit en donnant des spectacles le week-end sur les petites scènes de la région.

Nos vies sont ainsi faites de plusieurs défis avec des réussites partielles et des semi-échecs, des fuites et des attentes, des projets différés. Les épreuves conduisent à alterner les combats et les stratégies de fuite, les rêves avortés et les changements de cap. Aux moments d’espoir succèdent ceux de doute. La vie nous conduit à être parfois combatifs, parfois lâches, parfois contemplatifs : combattre, fuir ou… ne rien faire.

NOTES :

(1) Abd al Malik, La guerre des banlieues n’aura pas lieu, Le Cherche Midi, 2010.
(2) Marc Besin, Claire Bidard et Michel Grossetti (dir.), Bifurcations. Les sciences sociales faces aux ruptures et aux événements, La Découverte, 2010.
(3) Danilo Martuccelli, Forgé par l’épreuve. L’individu dans la France contemporaine, Armand Colin, 2006.
(4) Henri Laborit, Éloge de la fuite, 1976.
(5) C’est une stratégie que caressent de plus en plus de gens.
(6) Ania Beaumatin, Alain Baubion-Broye et Violette Hajjar, « Socialisation active et nouvelles perspectives en psychologie de l’orientation », L’Orientation scolaire et professionnelle, vol. XXXIX, n° 1, 2010.
(7) Voir par exemple le récit du journaliste Hervé Chabalier, ancien alcoolique, Le Dernier pour la route. Chronique d’un divorce avec l’alcool, Robert Laffont, 2004.
(8) Robert Castel et Claudine Haroche, Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi, Fayard, 2001, rééd. 2005.
(9) François de Singly, Fortunes et infortunes de la femme mariée, Puf, 2004.
(10) Voir Sciences Humaines, dossier « Changer sa vie », n° 205, juin 2009.
(11) Guy Bajoit, « Exit, voice, loyalty... and apathy. Les réactions individuelles au mécontentement », Revue française de sociologie, 1988.
(12) Danilo Martucelli, op. cit., et Peter Sloterdijk, Bulles, Hachette, 2003.
(13) Danilo Martucelli, op. cit.
(14) Ibid.

 

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