Par Aïcha Rhlid et Naoual Zirri
Sommaire
Introduction.
I. Définition des concepts : projet pédagogique ; séquence ; module.
II. L’enseignement en module.
1. Structure d’un module.
2. Planification des activités sur un module d’apprentissage.
A. Etape d’acquisition des apprentissages de base.
B. Etape d’intégration finale.
C. Etape d’évaluation et de remédiation.
III. La mise en œuvre du module.
Conclusion.
Introduction
La nouvelle réforme de l’enseignement au Maroc vise le développement d‘un enseignement de qualité. Il met l’apprenant au centre de l’action pédagogique, didactique et méthodique qui permet de faire de l’lève l’acteur principal de son apprentissage. La nouvelle réforme opte pour des éléments organisateurs de l’enseignement/apprentissage du français dans le cycle secondaire qualifiant et intègre trois fondements qui se complètent et qui se lient étroitement entre eux étant donné que l’un inclut l’autre ou bien l’un composé l’autre. Cette innovation pédagogique s’organise autour des éléments suivants : le projet pédagogique, le module et la séquence.
Notre travail sera centré sur le module mais vu l’enchainement de ces trois éléments, nous allons tenter, pour mieux éclaircir de définir les trois termes
I. Définition des concepts : Projet pédagogique - Séquence -Module :
Commençons tout d’abord par le projet pédagogique qui se définit comme une unité de formation articulée autour d’un ensemble de compétences et de capacités.
Il présente la caractéristique de ne pas disperser l’apprentissage mais de le lier à une situation problème qui mobilise les compétences de l’élève.
En suite la séquence : c’est la cheville ouvrière du projet pédagogique, c’est une unité de formation qui vise un objectif complexe. Elle s’organise en séances dont les activités permettent de faire acquérir aux élèves des savoirs et répondent à leurs besoins préalablement identifiés et analysés.
Enfin, le module : c’est l’unité de formation qui a pour objectif la maîtrise d’une compétence et l’ancrage des valeurs humaines et universelles véhiculées dans les œuvres programmées chez les élèves en cycle secondaire qualifiant. Il s’organise en séquences, ces dernières s’entretiennent entre elles d’une relation de réciprocité et de solidarité : chacune constitue un maillon de la chaîne. La durée d’un module varie en fonction de la nature de la compétence recherchée. Ainsi, le module se situe à la croisée des outils conceptuels suivants :
Premièrement : en amont, le projet pédagogique qui définit les compétences et les capacités.
Deuxièmement : en aval, les séquences pédagogiques organisées en objectifs complexes qui visent la compétence finale. Il est à noter aussi que les contenus du module s’articulent principalement autour d’œuvres littéraires et de textes divers relevant d’un même thème, d’une problématique soulevée par l’œuvre.
II. L’enseignement en module :
Les classes du secondaire constituent un moment particulier dans la scolarité. Elles doivent permettre un renforcement des compétences acquises et amorcer de nouveaux apprentissages propres au lycée, c’est pourquoi l’enseignement modulaire y joue un rôle tout à fait essentiel : conforter les apprentissages anciens et faciliter les nouveaux, permettre un traitement des différences entre les élèves et améliorer le suivi personnel. L’enseignement en modules ne s’appuie pas seulement sur le discours du professeur qui transmet des connaissances mais il est centré sur l’activité de l’élève comme le déclare J.M.ketelé dans son œuvre Observer pour éduquer, publié en 1983 : « une règle devrait guider tout éducateur : parler moins, faire agir plus et observer pendant ce temps ». Pour bien apprendre, il ne suffit pas de mémoriser une information, il faut de plus, être capable de l’utiliser dans des situations plus ou moins complexes.
Le module est, donc, une organisation pédagogique centrée sur l’activité des élèves où le professeur joue le rôle de facilitateur et d’observateur. Les observations ainsi réalisées permettent à l’enseignant de réguler sa démarche par l’ajustement des objectifs, la proposition des supports et des aides pédagogiques plus adaptés pour transmettre les informations et mettre en exergue les valeurs nationales et universelles assurant la formation d’un citoyen vertueux, indulgent et loyal.
1. Structure d’un module d’apprentissage :
Compétence :
Disciplinaire, transversale.
Un module d’apprentissage permet de réaliser une compétence.
Capacité 1.
Capacité 2.
Capacité 3.
Une séquence d’apprentissage permet d’acquérir une ou plusieurs capacités.
Objectif d’apprentissage 1.
Objectif d’apprentissage 2.
Objectif d’apprentissage 3.
Une séance d’apprentissage permet d’atteindre une ou plusieurs objectifs.
Activités d’apprentissage et d’évaluation.
Ces activités se déroulent au cours de chaque séance.
Donc, la compétence est la cible d’un module d’apprentissage, mais les moyens d’y parvenir sont représentés par les objectifs d’apprentissage ou les capacités. Dans ce sens, il faut voir ces éléments d’apprentissage comme un moyen de parvenir à la compétence et non une fin en soi.
En outre, le module s’articule en général autour des œuvres littéraires que leur choix obéit aux considérations suivantes :
Permettre une appréhension de la langue française.
Initier les élèves aux principaux genres et mouvements littéraires.
Favoriser l’ouverture culturelle des apprenants.
Les sensibiliser aux valeurs nationales et universelles.
2. Planification des activités sur un module d’apprentissage :
L’unité principale de gestion des apprentissages est le module. Celui-ci assure le développement progressif d’une compétence à travers les étapes essentielles :
Etapes d’acquisition des apprentissages de base.
Etape d’intégration des apprentissages.
Etape d’évaluation et de remédiation.
A. Etape d’acquisition des apprentissages de base :
Elle est répartie en trois activités :
v Activités de compréhension :
Le professeur, dans cette étape, propose à l’observation des apprenants une situation‑problème (image, étiquette, phrases simples, textes courts...) comprenant les notions dont on souhaite découvrir le fonctionnement. L’observation du corpus est guidée par des consignes claires et explicites comme : «relever, observer, classer, transformer, décrire ...» et donne aux apprenants certains réflexes d’éveil et de réflexion devant les problèmes nouveaux.
Alors, l’apprenant tentera d’analyser ces supports d’observation pour formuler des règles qui régissent les notions visées.
v Activités d’entraînement :
A fin de comprendre et de maîtriser les notions découvertes, le module doit contenir des exercices d’application. Ces derniers permettent d’amener les apprenants à faire le point sur ce qu’ils ont découvert dans la première étape.
v Activités d’intégration intermédiaire :
Dans cette étape, l’élève est appelé, à travers ces activités, à mobiliser une partie de ses connaissances dans des situations problèmes de la compétence visée par le module et qui progressent d’une étape à l’autre jusqu’à ce que la maîtrise de la compétence soit totalement assurée.
B. Etape d’intégration finale :
Son objectif est de concevoir des situations problèmes permettant à l’élève de mobiliser l’ensemble de ses connaissances liées à la compétence visée et de le mettre en projet en lui proposant un cadre d’actions complexes qui s’oriente vers une production concrète ( textes, journal de classe, exposition, entretien, chanson).
C. Etape d’évaluation et de remédiation :
Elle offre à l’apprenant la possibilité d’évaluer ses capacités et de mobiliser les ressources acquises dans des situations problèmes complexes.
III. La mise en œuvre du module :
Le module dans sa mise en œuvre s’inscrit dans la démarche du projet et prend en compte les besoins spécifiques de l’apprenant. Il s’articule principalement autour d’une œuvre littéraire pour toutes les filières et toutes les options. La répartition des activités de classe (lecture, langue, écrit et oral) met en perspective, pour les trois années du cycle qualifiant, le cheminement d’un apprentissage progressif recherchant la consolidation des cycles antérieures et le développement des compétences visées chez les élèves.
Le module, donc, présente au professeur, grâce aux œuvres intégrales, un champ, vaste et libre, qui lui permet de choisir et de sélectionner les supports didactiques les mieux adaptés aux besoins des élèves.
De ce fait, l’œuvre intégrale apparait à la fois comme l’une des finalités de l’enseignement du français dans le secondaire qualifiant qui vise à donner le goût, les outils et à développer les compétences d’une pratique autonome de la lecture des œuvres littéraires, et comme le support principal de diverses activités qui caractérisent cet enseignement, elle est mise à la disposition des enseignants afin d’élaborer les modules.
Notons que le nouveau programme, présente les modules des trois années comme suite :
Pour le tronc commun :
Module1 : Textes divers autour de la typologie textuelle.
Module2 : La nouvelle réaliste.
“La Ficelle“ au choix avec “Avec Champs“ de Maupassant+Une ode et une chanson.
Module 3 : La nouvelle fantastique.
“La Venus d’Ille“ de Mérimée au choix avec “ Le Chevalier Double“ de Gauthier+deux sonnets.
Module 4 : le théâtre : la comédie.
“ Le Bourgeois Gentilhomme “ de Molière+ deux
Poèmes libres.
Pour la première année du baccalauréat :
Module 1 : Un roman autobiographique.
« La Boîte à Merveilles » D’Ahmed Sefrioui + poésie
Lyrique : Deux poèmes maghrébins ou africains.
Module 2 : Un roman de science fiction :
« La Planète des Singes » Pierre Boulle + poésie
Surréaliste : deux poèmes.
Module 3 : Roman à thèse :
« Le Dernier Jour d’un Condamné » de Victor Hugo +
Poésie engagée.
Module 4 : Une tragédie moderne.
« Antigone » de Jean Anouilh + poésie épique.
En ce qui concerne la deuxième année du baccalauréat :
Module 1 : Un conte philosophique.
« Candide » de voltaire + poésie libre et prose
Poétique.
Module 2 : Un roman maghrébin contemporain.
«Il Etait Une Fois Un Vieux Couple Heureux » de Mohammed Khair-Eddine + poésie contemporaine.
Module 3 : Un roman réaliste
« Le Père Goriot » d’Honoré de Balzac + poésie
Romantique.
En effet, les responsables ont établit des esquisses et ont élaboré des objectifs pour parvenir à une bonne maîtrise de la langue française de la part de l’apprenant marocain en moyen des textes littéraires mis en programme et notamment par l’adaptation des œuvres littéraires, poétiques, prosaïques et théâtrales. Plusieurs partisans ont applaudit ce nouveau programme en exhibant leur enthousiasme et leur optimisme vis-à-vis des innovations pédagogiques dans l’enseignement de la langue française. Ils avaient des réactions positives dans la mesure où ils ont prévu que l’intégration des œuvre littéraires dans l’enseignement /apprentissage permet de réaliser plusieurs objectifs :
Ouvrir une voie de l’autonomie de l’élève par sa lecture et ses propres recherches.
Renforcer la maîtrise de la langue française.
Elargir les horizons culturels de l’apprenant et nourrir sa capacité de la créativité et de l’imagination....
Mettre en évidence les valeurs humaines et universelles véhiculées dans les œuvres intégrales
Dans cette perspective, et d’après l’étape d’observation que chacun de nous a passée au sein des lycées, il est à noter que les enseignants accomplissent leur mission en fournissant des efforts pour élaborer les modules selon les critères demandés. Ainsi, respectent-ils le programme établit afin de donner aux élèves une formation qui leur permet d’accéder aux études supérieures. Mais, la question qui se pose c’est : est- ce que l’élève marocain est vraiment capable d’être en harmonie avec ce nouveau programme ? Autrement dit est-ce qu’il est vraiment capable de lire une œuvre intégrale et de la comprendre ?
Pour répondre à cette question, nous avons fait référence au livre de Mr.Abdellah Krikez intitulé « La Nouvelle Réforme et L’enseignement du Français » dans lequel il a présenté plusieurs réactions négatives par rapport à l’intégration de l’œuvre littéraire dans l’enseignement de la langue française, nous allons citer quelques exemples :
Mr. M. Laabou « ce dernier a du mal à lire correctement un bref texte journalistique (...) a fortiori un texte sibyllin et tortueux».
Mr.M. Laabou « Le niveau de l’apprenant au Maroc dans la langue de Molière est- ce n’est pas un euphémisme - alarmant ce dernier a du mal à lire correctement un bref texte ».
Mr. Mouloud : « Comment faire apprécier (...) Antigone à [des] adolescents (...) incapables de construire une phrase ».
Mr. M. Brouri : « Les enseignants (...) se lamentent du niveau sans cesse baissant de leurs élèves ».
Effectivement, les professeurs se trouvent dans une situation dilemme à causse de la baisse du niveau des élèves et les exigences du programme. Ils sont obligés, même s’ils sont à bon-escient de l’inefficacité des innovations pédagogiques qui ont aggravé la situation des élèves, à respecter les programmes instaurés.
En sus, la courte expérience des élèves‑professeurs lors de leurs observations et au cours de leurs prise en charge des classes ne fait que confirmer le niveau ultra bas des élèves dans la langue française en secondaire qualifiant et selon notre propre expérience, nous pouvons évoquer des exemples néfastes des lycéens qui ne connaissent même pas ce que veut dire “Un éléphant“ ou ce que signifie “Un poète“ et d’autres exemples que chaque élève professeur a certainement observés.
Alors, comment tels élèves, qui ne connaissent même pas la signification des termes simples, peuvent comprendre un long texte de Balzac ou rendre compte des compétences visées par le module.
Ces difficultés nous poussent vraiment à réfléchir dès maintenant à la manière dont on va procéder pour réussir à motiver les élèves et à améliorer leurs niveaux.
Conclusion
En guise de conclusion, on peut souligner que le module est une organisation pédagogique conçue pour offrir aux élèves une ouverture sur une autre culture et leur permettre d’acquérir des capacités qui leur serviront dans leur scolarité ; mais dans la réalité, il se heurte au niveau bas des lycéens ce qui impose la réflexion à la manière d’enseigner la langue française dans le cycle secondaire qualifiant pour lui transmettre les connaissances nécessaires à sa formation sans le noyer dans les savoirs savants littéraires et le dégouter de la matière.
Bibliographie
Abdellah KRIKEZ, La Nouvelle réforme de l’enseignement du français, 1ère édition, Tétouan, 2007.
Abderrahmane TOUMI, L’approche par compétence, un nouveau regard sur l’élaboration des curricula et la planification des apprentissages, 1ère édition, Oujda 2006.
1. RichNoire 2016-08-07
très intéressant, merci pour vos efforts !
2. touha1234 2012-09-19
mrc d'avance pour votre aide
1. Par wassim le 2024-02-26
tres bien
2. Par fistone le 2023-07-09
Bon courage
3. Par mouna el achgar le 2023-07-09
je suis une enseignante de la langue française et cette année je vais enseigner pour la première fois ...
4. Par Salwa le 2023-03-18
Merci
5. Par Rbandez le 2022-11-19
Trés Bon resumé
6. Par Rbandez le 2022-11-19
Trés Bon resumé
7. Par El otmani le 2022-11-01
Bonjour Merci pour votre exemple je le trouve vraiment intéressant Auriez-vous un exemple pour une ...
8. Par Ben le 2022-10-26
C'est un des articles les plus complets qu'il m'a été donné de lire sur les blogs et l'enseignement ! ...