Introduction
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant Quitte ton ami quitte ton amie Quitte ton amante quitte ton amant Quand tu aimes il faut partir Le monde est plein de nègres et de négresses Des femmes des hommes des hommes des femmes Regarde les beaux magasins Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre Et toutes les belles marchandises II y a l'air il y a le vent Les montagnes l'eau le ciel la terre Les enfants les animaux Les plantes et le charbon de terre Apprends à vendre à acheter à revendre Donne prends donne prends Quand tu aimes il faut savoir Chanter courir manger boire Siffler Et apprendre à travailler Quand tu aimes il faut partir Ne larmoie pas en souriant Ne te niche pas entre deux seins Respire marche pars va-t'en Je prends mon bain et je regarde Je vois la bouche que je connais La main la jambe l'œil Je prends mon bain et je regarde Le monde entier est toujours là La vie pleine de choses surprenantes Je sors de la pharmacie Je descends juste de la bascule Je pèse mes 80 kilos Je t'aime Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924 |
I. L'ELOGE DU VOYAGE
1) Champ lexical du voyage.
Les verbes "partir" et "quitter" sont répétés à plusieurs reprises dans le poème, ce qui renforce le désir d'évasion de l'auteur. Le nom "monde" ouvre l'espace du voyage, le lieu est encore vague, la destination inconnue. Au vers 24, la gradation croissante "marche part va-t-en" est de plus en plus violente. Ce champ lexical est très riche en verbes, surtout à l'impératif, ce qui donne une tonalité injonctive à ce poème. Le poète s'adresse à son destinataire en lui donnant des conseils : le voyage est la solution de tous les problèmes.
2) Voyage fictif ou réel.
Ce poème est une invitation à partir dans ses pensées, à rêver. Dans la première strophe, l'auteur nous convie à un voyage fictif, mais pour cela il ne faut plus penser aux proches ("femmes", "enfants", "ami", "amie", "amante", "amant") mais se laisser aller. Tout devient flou grâce aux répétitions aux vers 7 et 9 ou encore à la strophe 3, où les limites de la pensée ont disparus. Le verbe "regarde" au vers 8 signifie imagine. Le lecteur doit se plonger, se concentrer sur ses pensées, pour pouvoir s'évader mentalement. De plus le rythme du poème, dû à l'absence de ponctuation, favorise cette libération d'esprit.
3) Contraste avec la vie quotidienne.
Les verbes de la strophe 5 expriment le quotidien de même que "je prends mon bain", "la bouche que je connais". Le poète a envie de partir, de quitter cette vie qu'il connaît, qui est banale, ordinaire et sans attrait. L'expression "ne te niche pas entre 2 seins " est une référence aux seins matériels, protecteurs qui sont des repères concrets de la vie quotidienne. Ce contraste est aussi marqué par des antithèse:
"quand tu aimes …. Partir"
"Donne prends …. Prends"
"Ne larmoie…….souriant"
Le poète a donc conseillé, presque ordonné au destinataire de partir pour s'évader mentalement et d'oublier un instant ses proches. Le voyage est la source du bonheur, il est la solution de tous les problèmes. Le poète fait aussi une déclaration d'amour.
II. UNE DECLARATION D'AMOUR.
1) Champs lexicaux du bonheur et de l'amour.
Les expressions "regarde les beaux magasins" et "Et toutes les belles marchandises" annoncent le bonheur par le biais de la beauté. Le verbe "aimer" est répété à cinq reprises, ce qui montre que l'auteur a voulu insister sur ces verbes ; dans un premier temps à la deuxième personne du singulier, puis à la première personne du singulier. De plus, les deux derniers vers " Je pèse mes 80 kg" et "Je t'aime" expriment le poids de l'amour pesant sur le poète. La tonalité lyrique est très importante dans ce poème, car l'auteur exprime ses sentiments avec passion.
2) Déclaration à qui ?
Le verbe "aimer", pourtant transitif, n'est jamais suivi d'un complément "quand tu aimes". Le lecteur se pose donc la question qui aimes-tu ? Est-ce-le destinataire exprimé par le pronom "tu" dans le titre du poème ? Est-ce une femme, est-ce un homme ou une multitude ? Le poète joue de cette ambiguïté en alternant le masculin et le féminin aux vers 7 et 9.
A la fin du poème, le dernier vers "je t'aime" paraît éclaircir la situation, mais il n'en est rien. Le pronom "je" représente t-il le poète, un inconnu, un homme, une femme ? Et qui aime-t-il ? Le poète brouille l'énonciation pour mieux faire sentir l'hymne à la vie et à l'amour, du plus proche au plus lointain.
Le poème Tu es plus belle que le ciel et la mer est donc un éloge du voyage fictif, une évasion mentale, mais aussi une déclaration d'amour générale, à tout le monde ou à une personne. Le poète a instauré une atmosphère mystérieuse, où le lecteur doit s'interroger sur la ou les personnes concernées par son amour.
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1. Par wassim le 2024-02-26
tres bien
2. Par fistone le 2023-07-09
Bon courage
3. Par mouna el achgar le 2023-07-09
je suis une enseignante de la langue française et cette année je vais enseigner pour la première fois ...
4. Par Salwa le 2023-03-18
Merci
5. Par Rbandez le 2022-11-19
Trés Bon resumé
6. Par Rbandez le 2022-11-19
Trés Bon resumé
7. Par El otmani le 2022-11-01
Bonjour Merci pour votre exemple je le trouve vraiment intéressant Auriez-vous un exemple pour une ...
8. Par Ben le 2022-10-26
C'est un des articles les plus complets qu'il m'a été donné de lire sur les blogs et l'enseignement ! ...