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Ma Bohème,étude et interprétation

 

 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
− Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

 

Lexique

 

paletot : mot ancien pour veste ou manteau (aujourd'hui, s'est spécialisé pour désigner une forme de pardessus court). "On retrouve dans la revue vestimentaire, cette caricature où Verlaine représente son ami, la pipe à la bouche, marchant dégingandé à grandes enjambées, les épaules en portemanteau, les mains engoncées dans sa veste; ou encore cette phrase dans une lettre du 12 novembre à Izambard qui le montre les poings déjà serrés dans l'attitude de la résolution : "Allons, chapeau, capote, les poings dans les poches et sortons" (Marie-Paule Berranger, op. cit. p.62).
"Rimbaud pense peut-être, commente Steve Murphy (op. cit. 2004, p.128), au paletot de Schaunard dans les Scènes de la vie de Bohême de Murger, intertexte qui pouvait venir spontanément à l'esprit du lecteur de 1870 :

Il se disposait à vêtir un paletot dont l'étoffe, primitivement à longs poils, était atteinte d'une profonde calvitie [...] Il était vêtu d'un paletot noisette à pèlerine, dont l'étoffe, réduite à la trame, avait les rugosités d'une râpe. Des poches béantes de ce paletot s'échappaient des liasses de papiers et de brochures."

 

idéal : Rimbaud joue sur le double sens du mot idéal. Sens courant : merveilleux, inégalable. Sens philosophique : conformité entre une chose particulière et son principe général abstrait, son idée. C'est sa situation présente qui est "idéale", merveilleuse, à cause de la liberté et du plaisir de la marche. Mais le paletot aussi devient "idéal" au sens où il se réduit de plus en plus à une idée de paletot, tant il est usé. 

 

Muse : la déesse qui inspire le poète, l'une des neuf muses qui présidaient aux arts dans la mythologie.

 

Bohême :
Le manuscrit de Rimbaud présente, semble-t-il, un accent circonflexe. La Bohême (avec accent circonflexe) est une région d'Europe centrale (actuelle Tchéquie). On appelait "bohémiens" les nomades tziganes que l'on croyait originaires de ce pays. Par analogie, le terme de "Bohème" (avec accent grave) s'est employé au XIX° siècle pour désigner la vie au jour le jour, insouciante et souvent misérable, du milieu des artistes. Ils menaient "une vie de bohème", ou : ils vivaient "en bohèmes". Très à la mode chez les romantiques, la bohème artiste a été prise pour thème par Gérard de Nerval (La Bohème galante), Henry Murger (Scènes de la vie de bohème, 1848). Un opéra célèbre a été tiré par Puccini du récit de Murger (1896). Certains éditeurs corrigent Rimbaud. D'autres éditeurs, comme Pierre Brunel (édition Rimbaud de La Pochothèque), adoptent l'accent circonflexe dans le titre du poème, tout en reconnaissant que "l'accent sur Boheme reste douteux dans le manuscrit" (page 791).

 

vin de vigueur : vin qui redonne de la vigueur, qui régénère. L'expression, chez Rimbaud, évoque un philtre aux pouvoirs magiques. On se souvient du vers du Bateau ivre : "Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur!"


Interprétations

 

fantaisie :
Michel Décaudin a consacré une étude particulière à la notion de "fantaisie" chez Rimbaud. Il cite d'abord diverses définitions de dictionnaires du XIX° siècle dont celle-ci : "Fantaisie, se dit aussi, surtout en termes de Peinture et de Musique, des ouvrages où l'on suit plutôt les caprices de son imagination que les règles de l'art, mais sans abandonner tout à fait ces dernières" (8° sens, dans le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1879). Michel Décaudin note l'usage croissant du mot "fantaisie" dans le domaine de la théorie esthétique, au milieu du XIX° siècle, notamment chez Baudelaire. La notion est utilisée par ce dernier, dans ses Salons, pour caractériser une catégorie d'œuvres d'art où dominent la recherche de la singularité, le recours au merveilleux, voire au fantastique, au risque de négliger la fidélité à la nature et la régularité de la forme. Le sous-titre de Ma Bohème lui paraît conforme à cet usage du mot "fantaisie".
Il écrit : "Ma Bohême est, on le sait, désigné comme une "Fantaisie". Cette particularité est d'autant plus curieuse que ce sonnet termine non seulement le manuscrit établi à Douai, mais, dans ce manuscrit, une suite de sonnets tous écrits en octobre, ou du moins datés d'octobre, qui évoquent sa traversée de la Belgique pour rejoindre Douai. Or cet ensemble est caractérisé par une appropriation du réel familier par la poésie, où s'ébauche une technique impressionniste avant la lettre [...]. Nous sommes en présence d'une poésie du concret, des choses, comme dira plus tard Verlaine à propos de ses propres recherches, à laquelle s'oppose l'évasion de Ma Bohème. Le sous-titre - qu'on dirait plutôt un sur-titre - de "Fantaisie", n'est-il pas destiné à souligner ce qui fait la différence de ce dernier sonnet? Les précédents étaient des choses vues, ou voulues telles (ce qui est sans importance pour le lecteur), une série de cartes postales; celui-ci nous entraîne dans un monde imaginaire [...] Il ne s'affranchit certes pas des règles formelles dans ce sonnet irréprochable (mais qui ne respecte pas la règle des quatre rimes : il n'est pas le seul à l'époque), mais n'y joue-t-il pas de ruptures dans le vocabulaire et les images, n'y associe-t-il pas un réel vulgaire aux plus idéales aspirations [...]?" (op. cit. p.117). 
Pierre Brunel (op. cit. p. 56) apporte les éléments suivants : "[Fantaisie] était déjà le titre d'un célèbre poème de Nerval, une odelette où l'air Louis XIII suscitait un paysage de prédilection, un château d'autrefois au pays de l'enfance, une dame à la fenêtre. Dans le langage du XIX° siècle, le mot n'a pas seulement la nuance désinvolte que nous lui prêtons aujourd'hui. Il est lié à la Phantasie, et même au fantastique. Il existe une correspondance, dans le poème de Rimbaud, entre le sous-titre et le mot qui se trouve à la rime du vers 12. Envahi par les "ombres fantastiques" de la nuit, le paysage de fantaisie, le pays de Bohême s'est empli de mystère".
Yann Mortelette suggère une explication beaucoup plus simple (mais non contradictoire) en signalant un possible intertexte du poème chez Albert Mérat, ce poète que la lettre du 15 mai 1871 célèbre à l'égal de Verlaine comme un vrai "voyant" : "Les Chimères (1866) de Mérat furent couronnées par l'Académie française. La section Fleurs de bohème contient le poème L'Hôtellerie de la Belle-Étoile, dont Rimbaud s'est peut-être souvenu dans Ma Bohème (fantaisie) : "Astre rêveur et fantaisiste", la belle étoile est une auberge "riche et splendide", où l'on arrive guidé par l'insouciance ou par la souffrance ; seuls les amoureux y sont heureux." (Yann Mortelette, La lettre du 15 mai et les "seconds romantiques", Cahiers de littérature française II, Rimbaud, L'Harmattan, 2005, p.30). 

 

féal :
"Le féal est celui qui reste fidèle à quelqu'un, explique Suzanne Bernard dans une note de son édition (Classiques Garnier, 1961, p.384). C'est un vieux mot qui était usité dans les lettres royales : Bayard, Duguesclin, sont appelés de "féaux chevaliers".
"Ce terme appartient au langage médiéval. Il avait été utilisé dans la poésie courtoise, puis dans la poésie "troubadour" des premières heures du romantisme" Jean-Luc Steinmentz (GF, Poésies, page 242).
"Dés le vers 3, commente Thierry Méranger, op. cit. p.13, l'invocation à la Muse s'accompagne d'une allusion au Moyen Âge. Ce recours délibéré à l'anachronisme peut être considéré comme une forme d'auto-dérision. Une telle mise à distance traduit un refus de l'emphase [...]"

 

que d'amours splendides j'ai rêvées ! :
" Faut-il voir dans le souvenir encore étonné de ces "amours splendides", mais rêvées, l'aveu que les amours précédemment évoquées dans le recueil n'étaient qu'imaginaires? Un poème , Rêvé pour l'hiver, le disait assez clairement, rendant inutile toute anecdote sur les amourettes réelles" Pierre Brunel, op. cit. p.57.

 

Petit-Poucet :
"L'habile transposition du conte accentue le motif de l'enfant pauvre, commente Pierre Brunel (op. cit. p.58), mais surtout elle invite à chercher un sens nouveau à l'itinéraire. Ce parcours balisé par les cailloux blancs du Petit-Poucet ou par les rimes du bohémien-poète doit aller quelque part et doit permettre de revenir quelque part. De chemin de hasard, il devient celui d'une quête informulée. Pour Yves Bonnefoy, cette quête est celle de la "vraie vie" et il demande :

"Celui que ses parents ont voulu perdre, mais dont l'énergie a su reconquérir le pouvoir d'aller, le courage d'espérer, approche-t-il de la véritable demeure, du château au-delà des imparfaites saisons ?" Rimbaud par lui-même, p.33.

Cette vraie vie, il l'a trouvée, perdue et aspire à la retrouver : c'est la maison de Douai où il a pu commencer son recueil, c'est la route de Charleroi où il crée en toute liberté. " [...]
"Yves Bonnefoy a eu raison de mettre en valeur ce qu'ont d'exceptionnel les poèmes du second des Cahiers de Douai :

"Il révèle qu'Arthur Rimbaud a écrit sur les routes ardennaises et dans l'élan de l'espoir, ses poèmes les plus limpides, les plus heureusement libres, les plus librement enfantins" Rimbaud par lui-même, p.33.

Plusieurs commentateurs croient pouvoir remarquer dans la comparaison du poète avec le personnage du conte un élément d'opposition significatif. Alors que le Petit-Poucet, abandonné par ses parents, utilise sa ruse dans le but de les retrouver, celui qui dit "je" dans le poème semble marcher sans but ("je m'en allais" n'a pas de complément), égrenant au hasard ses rimes dans la nature, allègrement et sans aucune idée de retour : "Il se peut du reste, commente Steve Murphy, que la mention du Petit-Poucet s'explique par cette déviation topique du personnage : à l'opposé du prototype, mis en danger par ses parents et fuyant le toit parental dans l'anxiété, Rimbaud abandonnerait sa mère, mais avec un sentiment de libération" (op.cit. p.123). "Le premier, écrit de son côté Benoît de Cornulier, met donc son intelligence au service d'une fidélité filiale et le second au service de sa libération pour se soustraire seul, sans le sou et fidèle à la seule Muse, à une vie sociale réglée." (op.cit. p.48). Dans un esprit voisin, Dominique Maingueneau, montre qu'on trouve moins dans le poème le récit d'un épisode vécu (la fugue de 1870) que celui d'une initiation au statut de Poète : "Abandonné par ses parents, il assure le salut de tous par son génie personnel, retournant l'exclusion en élection. Comme il est de règle dans l'imaginaire qui fonde la création, l'artiste, l'exclu de l'arbre généalogique se rêve fils de ses propres œuvres" (D.Maingueneau, Le Discours littéraire, Armand Colin, p.242-243).

j'égrenais dans ma course / Des rimes. :
"Ma Bohème, commente Thierry Méranger, op. cit. p.13 lie indissolublement vagabondage et poésie. Les vers 6 et 7, avec le rejet spectaculaire qui met en valeur "Des rimes", représentent à cet égard une clef. La métaphore est doublement révélatrice : la marche est en soi une entreprise poétique et la poésie est elle-même une course balisée par les rimes (comme les cailloux du conte, elles permettent de se retrouver chez soi). Plusieurs commentateurs (Marc Ascione, Alain Borer ...) ont fait remarquer que, par un jeu métalinguistique, il était permis de les écouter à travers un emploi subtil et continu de répétitions, d'allitérations et de rimes internes [...] ."
En effet, les jeux d'échos phonétiques sont nombreux en dehors des rimes, on peut essayer d'en dresser un tableau (probablement incomplet) :

v.1

allais les : /lè/ + /lé/ ; les poings dans les poches : /p/ + /p/

v.2

paletot aussi : /to/ + /to/

v.3

et j'étais : /é/ + /é/ + /è/

v.4

là là : /la/ + /la/ ; j'ai rêvées : /è/ + /è/ + /é/

v.5

unique culotte : /k/ + /k/

v.6

Petit-Poucet : /p/ + /p/

v.8

doux frou-frou : /ou/ + /frou/ + /frou/

v.10

soirs de septembre : /s/ + /s/

v.11

vin de vigueur : /v/ + /v/

v.10- v.12

où ... où : /ou/ + /ou/

v.14

mes souliers blessés : /é/ + /é/ + /é/ + /é/;    un pied près : /p-é/ + /p-è/ 

 

à la Grande Ourse :
"C'est à dire qu'il couchait à la belle étoile. Mérat, dont Rimbaud parlera admirativement dans sa lettre du 15 mai 1871, avait écrit dans ses Chimères (1866) un poème sur L'Hostellerie de la belle étoile. On notera la manière originale dont Rimbaud renouvelle l'expression." Suzanne Bernard dans une note de son édition (Classiques Garnier, 1961, p.384). Voir aussi, ci-dessus, notre note sur "fantaisie".
"C'est une variante plaisante de l'expression habituelle : dormir à la belle étoile, commente Pierre Brunel (op. cit. p.59); c'est aussi la parodie de ces enseignes animales si fréquentes dans les pays de l'Est et du Nord, et en particulier les auberges "à l'ours" ou "aux ours", "Bären").

 

Mes étoiles :
"L'addition des formes pronominales et des adjectifs possessifs permet d'atteindre le total remarquable de dix-neuf occurrences" [dans l'ensemble du texte] [...] La liste des substantifs déterminés par les adjectifs de la première personne est très révélatrice de l'étendue des possessions du poète, véritable souverain de cet espace de Fantaisie : il s'agit d'abord de ses vêtements [...], puis de son vagabondage [...], et enfin des éléments du corps [...]. À cela s'ajoute la possession des étoiles (vers 8) qui étend le royaume du poète à l'infini du cosmos. Le dénuement du voyageur aux poches crevées, au paletot [...] idéal et aux souliers blessés s'est ainsi transformé,comme dans les contes de fées, en véritable richesse. "  Thierry Méranger, op. cit. p.13.

 

frou-frou :
"Onomatopée dont on se sert pour exprimer le froissement des feuilles, des étoffes, etc... : le frou-frou d'une robe de soie" (Larousse universel)
"C'est le ciel qui devient un abri protecteur, glose Marie-Paule Berranger, op. cit. p.62, vaste jupon maternel au bruissement rassurant".
"Le frou-frou des étoiles, écrit Jean-Luc Steinmetz dans une note de son édition (GF, Poésies, page 242), reprend, sur un mode familier, la croyance qu'avaient les Anciens dans l'harmonie des sphères. Le mot étoiles vaut ici également comme étoiles de ballet, danseuses étoiles (Rimbaud le réutilisera en ce sens au vers 35 de Mes petites amoureuses).
Steve Murphy (op. cit. 2004, p.126-128) valide cette dernière interprétation (danseuses étoiles) dont il attribue la paternité à Jacques Chocheyras dans Approche de Rimbaud, ELLUG, 1984, p.50 : "Il devrait aller sans dire ici que Rimbaud exploite le sens chorégraphique d'étoiles". Filant la métaphore (ou, plus exactement, prêtant à Rimbaud une métaphore filée), Steve Murphy donne à l'adjectif "splendides" (dans "splendides amours") son sens latin de "brillant", "lumineux" : "Cette luminosité est fort appropriée s'agissant d'amours qui sont des étoiles".

 

Et je les écoutais :
"Déjà dans Ophélie, rappelle Suzanne Bernard (note de son édition Classiques Garnier, 1961, p.384), Rimbaud parlait du "chant mystérieux" qui "tombe des astres".
Marie-Paule Berranger note de son côté : " On peut certes rappeler les vers de Banville qui, eux-mêmes, relèvent d'une topique contemporaine :

"Et j'entendis le chant merveilleux des étoiles" (Le Festin des Dieux, VII, 211)

ou :

"J"ai longtemps écouté le bruit qui vient des cieux / D'où sans cesse le chant des étoiles s'élance " 
(La Cithare, VI, 62)

à condition de souligner leur lyrisme pompier à côté de la fraîcheur de la formulation rimbaldienne où le "doux frou-frou" vient opportunément désacraliser le style hugolien - nuance soulignée par le possessif "Mes étoiles"."
Il vaut la peine de citer ici, bien que cela nous entraîne loin du passage commenté, l'appréciation portée par Marie-Paule Berranger sur la dette rimbaldienne à l'égard de Banville dans l'ensemble du poème : "Il n'est pas jusqu'à la rime cocasse fantastiques/élastiques qui ne figure dans les Odes funambulesques de Banville" [...] De même "culotte, paletot, jupons qui marchent à grand frou-frou, rosée, vin des sens, lyre, féal et idéal, blessure/chaussure (ou ici "souliers blessés") reviennent identiques ou à peine déformés [...] "
Il est donc certain que Rimbaud "réécrit" du Banville dans ce que certains voudront appeler parodie, d'autres pastiches. Rimbaud lui-même, à la fin de sa vie, ne présentait-il pas ses oeuvres comme des "rinçures" ! C'est à dire des plagiats (voir Émilie Noulet, Le Premier visage de Rimbaud, p. 247)! Mais on peut aussi estimer, avec Marie-Paule Berranger, que la présence avérée de nombreux emprunts à d'autres poètes dans le texte de Rimbaud "laisse entier le mystère de son génie : un paramètre de plus est à prendre en compte dans ce tissage fantastique que constitue chacun de ses textes. La réécriture d'un texte antérieur a pu donner l'impulsion - reste, entre plusieurs expressions possibles, le miracle de la densité, de la condensation, des alliances de mots d'une rapidité, d'une énergie inouïes - l'intention parodique, ici comme souvent, ajoute au mystère encore plus qu'elle ne l'élucide" (op. cit. p. 67, 64-65, et 70-71).

 

Ces bons soirs de septembre
"Ces  bons soirs de septembre" semble une allusion assez précise à la première fugue d'Arthur, le 29 août" dit Suzanne Bernard, dans une note de son édition (Classiques Garnier, 1961, p.384). Point de vue contesté par la plupart des spécialistes actuels qui considèrent comme démontré que les sonnets du second "cahier" de Douai (en réalité, liasse de manuscrits, comme l'a établi Steve Murphy), parmi lesquels se trouvait Ma Bohême, ont été écrits en octobre 1871, au cours du voyage en Belgique ou lors du second séjour de Rimbaud chez les demoiselles Gindre, tantes de Georges Izambard. "L'allusion aux bons soirs de septembre au vers 10, écrit Pierre Brunel (op. cit. p.55), peut être une commodité métrique et n'a pas nécessairement à être considérée comme un élément de datation".

 

Comme des lyres, je tirais les élastiques / De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! :
"Rimbaud, comme au jeu de la statue, prend la pose d'une célèbre sculpture : le voici en Cupidon, blessé, courbé sur son talon pour arracher une épine. Ma Bohême dresse ainsi la statue de l'Enfant-Poète, Amour fugueur au bord des chemins qui reste gracieux dans la souffrance. Déjà, cette référence suggère que l'art joue avec la souffrance et s'en nourrit". Marie-Paule Berranger, op. cit. p. 63.
Benoît de Cornulier (op. cit. p.54-58) forme l'hypothèse d'une représentation satirique du poète, du poète lyrique, et il voit un "pied de nez métrique à l'image du poète à la lyre" dans le traitement désinvolte de la césure, à l'avant-dernier alexandrin du poème. La présence en sixième position d'un pronom sujet non accentuable (proclitique), dont le noyau vocalique est en outre un 'e' instable (masculin), entrave fortement l'articulation du vers en 6-6. Or, d'un autre côté, il paraît peu vraisemblable que Rimbaud (ou un lecteur de son temps) ait pu sentir ce vers comme un trimètre. Le décompte 4-4-4 n'est possible qu'en récupérant la valeur rythmique de la voyelle féminine posttonique de "lyres" et aucun parallélisme syntaxique interne ne vient accréditer cette possibilité de scansion. Enfin, l'étonnement admiratif exprimé par Rimbaud, dans sa lettre à Izambard du 25 août 1870, devant la "forte licence" d'un alexandrin non césuré de Verlaine montre que son oreille était moins habituée que la nôtre à ce genre de hardiesses métriques. On peut en tirer la conclusion que Rimbaud percevait son vers comme un 6-6 contrarié, cacophonique, donnant une bien piètre image du "poète à la lyre" mis en scène par le poème, dans un esprit voisin de la représentation qui en est donnée dans Un cœur sous une soutane. Ce "je" en suspens, en position 6, rappelle par ailleurs cet autre vers : " − Au Cabaret-Vert : je + demandai des tartines / De beurre ...", où la césure sans-gêne et insolente n'est pas sans relation avec l'attitude désinvolte du "je" qui raconte l'histoire ("Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table, etc.").    
Une tradition d'interprétation érotique de "Ma Bohême" s'est peu à peu constituée depuis les années 1970 (Plessen, Ascione et Chambon, Murphy). Il y aurait dans le poème, et notamment dans cette fin, une évocation ingénue de l'érotisme solitaire : "Même lorsqu'on fait ses lacets, écrit Steve Murphy, on risque d'avoir le pied moins près du cœur littéral que de ce cœur qui, dans plusieurs textes contemporains de Rimbaud, possède une signification phallique implicite, mais indéniable. Ma Bohême date d'octobre 1870, éloigné probablement de trois ou quatre mois de la date de composition d'Un cœur sous une soutane, où la majorité des instruments de musique qui connotent la littérature romantique ou parnassienne devenaient des symboles phalliques, le luth, mais surtout la lyre et la cythare" (op. cit. 2004, p.132). La glose étant ainsi solidement établie, Steve Murphy poursuit la métaphore, décelant "l'élasticité du membre viril" dans le mot "élastiques" (ibid. 133), le "fluide séminal" dans la "rosée" et le "vin de vigueur" (ibid. 133), et une "image(s) manuelle(s) comportant d'évidentes insinuations onanistes" dans les "poches crevées" (ibid. 134).


Commentaire

 

En Septembre et Octobre 1870, Arthur Rimbaud trouve refuge à Douai chez son professeur de lettres Georges Izambard, à l'issue d'une fugue. Là,  il recopie avec application ses poèmes récents, dans l'espoir de les faire publier. Le poème d'Arthur Rimbaud intitulé "Ma Bohême" fait partie de ce projet de recueil inabouti.

C'est un sonnet, qui évoque les fugues du poète. Rimbaud y peint son autoportrait en coureur de chemins, ivre d'espace et de liberté. La nature, image féminine et fantastique, l'accueille et le protège comme une mère. Son bonheur, c'est la poésie. Et nous verrons qu'on peut aussi lire ce sonnet comme un petit manifeste théorique de Rimbaud sur sa conception de la poésie, une sorte d'art poétique.

I - Autoportrait de l'artiste en coureur de chemins

Si l'on compare ce poème à d'autres textes du deuxième cahier de Douai qui relatent les fugues de l'été 70, on remarque une différence : ici, pas de "choses vues", pas de rencontre comme dans "Le cabaret vert" ou dans "La Maline". Rimbaud est lui-même au centre du poème. La première personne est omniprésente (8 fois "je"; 8 fois l'adjectif possessif mon, ma ou mes). Il se décrit : ses sensations, ses vêtements, l'une de ses attitudes à la fin du poème (quand il se peint "assis au bord des routes", affairé autour de ses "souliers blessés").

- Un pauvre vagabond :  Rimbaud se plaît à se décrire comme un pauvre vagabond. Ses vêtements sont élimés (son "paletot" était si usé qu'il n'était plus qu'une "idée" de paletot (vers 2)). Ses poches sont "crevées" (v.1). Son pantalon est troué (v.5). Ses souliers sont abîmés par la marche (v.14). La comparaison avec le Petit Poucet (vers 6) suggère l'errance. Le vers 7 indique qu'il dort à la belle étoile. On peut se demander dans quelle mesure cet autoportrait est réaliste; dans quelle mesure nous n'assistons pas à la construction d'un mythe, où Rimbaud le fils de famille se métamorphose en un pauvre orphelin semblable aux personnages du poème "Les effarés".

- Un adolescent révolté, ivre d'espace et de liberté : Mais si le poète s’est fait vagabond, c’est surtout parce qu’il est en quête d’espace et de liberté. C’est la révolte qui jette le jeune homme sur les routes, comme le suggère son attitude crispée au premier vers du poème : « les poings » dans ses « poches crevées ». Les longues marches dans la campagne sont évoquées par la répétition du verbe aller en début de vers : « Je m’en allais » (v.1); « j’allais sous le ciel » (v.3) ; par l’utilisation du mot « course » (v.6) qui indique une marche rapide, de longs itinéraires. Il se décrit « assis au bord des routes ». Le pluriel « routes » est significatif : il en a parcouru beaucoup. Notons encore l’emploi de l’imparfait, temps de la répétition ou de l’habitude : « je m’en allais », « j’égrenais », « je les écoutais », « je sentais ». Les actions mentionnées se sont donc renouvelées à plusieurs reprises. Il s’agit probablement de la fugue de l’automne 70 (« ces bons soirs de septembre », v.10) qui a duré en effet plusieurs semaines et conduit Rimbaud de Charleville à Bruxelles et de Bruxelles à Douai. C’est aussi l’espace céleste qui s’ouvre devant le voyageur. L’idée est mentionnée à plusieurs reprises : le jour il marche « sous le ciel » (v.3), la nuit il dort à la belle étoile, en contemplant « la grande ourse » (v.8), les « étoiles » (v.9). Le crépuscule allonge les ombres qui deviennent « fantastiques » (v.12). Cet immense horizon qui s’offre à lui est synonyme de liberté. La destination du voyage n’est pas précisée. On marche dans le seul but de marcher. Ceci nous renvoie au sens du titre : « Ma Bohème ». Le mot « bohème » a un double sens : il désigne la vie insouciante et libre, celle des artistes par exemple, mais il désigne aussi la vie nomade, la vie errante des bohémiens. Par l’adjectif possessif « ma », Rimbaud semble opposer sa conception de la vie libre à la bohème sédentaire et urbaine des artistes parisiens. Sa bohème à lui, c’est la nature.

- Un orphelin cherchant protection et amour auprès de la nature : La nature est présentée ici comme une puissance protectrice et nourricière. Deux comparaisons le démontrent : la Grande Ourse comparée à une "auberge" (v.7), la rosée du matin comparée à un "vin de vigueur" (v.11), c'est à dire à une nourriture spirituelle où le narrateur puise sa force, où il se régénère. La nature est bienveillante : noter l'usage de l'adjectif  "bon" dans "ces bons soirs de septembre" (v.10), l'adjectif  "doux" au vers 8 . Le rapport du poète et de la nature ressemble à une relation amoureuse. L'adolescent parle de la nature comme si elle était pour lui tout seul, comme si elle lui appartenait. Noter l'usage des adjectifs possessifs : "Mes étoiles" (v.8); "Mon auberge était à la grande ourse" (v.7). Le poète est doté de pouvoirs magiques, il perçoit ce que l'homme ordinaire ne peut percevoir,  le "doux frou-frou" des étoiles ("Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou" v.8). Le Larousse définit ce mot "frou-frou" comme le "léger bruit que produit le froissement des étoffes, des feuilles" ou encore un "ornement de tissu d'un vêtement féminin". La connotation musicale et féminine est donc sensible. S'agit-il de la "musique des sphères" (image traditionnelle depuis la Renaissance pour exprimer l'impeccable fonctionnement de l'ordre cosmique) ? d'un froissement de robes dans le ciel? d'une berceuse? Cette métaphore suggestive est à rapprocher de la présence dans le poème d'un champ lexical de l'amour : "Oh!là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!" (v.4), le mot "cœur" (v.14), la présentation du poète comme un chevalier servant ("féal", v.3) de la Muse. Le bonheur trouvé dans la nature est donc une réponse à un "rêve" d'amour, à un besoin d'amour. Enfin, la comparaison entre le poète et le Petit Poucet suggère l'idée de l'enfant abandonné à la recherche d'une mère de substitution qu'il trouve dans la nature.

Mais ce sont ses "rimes", équivalent rimbaldien des petits cailloux blancs du conte, qui lui ouvrent la voie du salut (vers 6-7). C'est avant tout dans la Poésie, par la poésie, que Rimbaud pense trouver le chemin du bonheur et de la liberté. L'analyse du texte ne serait pas complète si nous négligions cet aspect de son message. Arthur Rimbaud, vagabond et poète : voilà l'image que l'auteur s'attache à peindre de lui-même.

II – Un art poétique :

L'idéal poétique : Le vers 3 compare l'adolescent en fugue à un chevalier servant ("féal", qui rime avec "idéal") courant l'aventure au service de sa "Muse", symbole de la poésie. Les rêves d'amour du vers suivant : "Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!" peuvent donc être interprétés comme des rêves d'ambition littéraire. Rimbaud court les chemins pour y chercher l'inspiration poétique. Lorsqu'il s'arrête au bord de la route, c'est pour écrire : "j'égrenais dans ma course / des rimes" (v.6-7). L'errance, la pauvreté, apparaissent dès lors dans le second tercet comme une épreuve initiatique ouvrant au jeune poète la possibilité d'une idylle avec la muse : dans un paysage rendu "fantastique" par la tombée de la nuit ("au milieu des ombres"), Rimbaud se décrit à nouveau "rimant". Les lacets de ses souliers (les "élastiques") se transforment magiquement en cordes de la lyre, autre symbole de la poésie, de la même façon que les citrouilles se transforment en carrosses dans les contes de fées.

- une "fantaisie" : Rimbaud a donné comme sous-titre à son poème le nom "fantaisie". Ce mot désigne traditionnellement dans le vocabulaire de l'art une œuvre suivant "plutôt les caprices de l'imagination que les règles de l'art" (dictionnaire de l'Académie, 1879). Rimbaud nous donne avec ce mot une indication de registre, facile à justifier. "Ma Bohême" est bien une fantaisie, d'abord par son thème : l'errance insouciante et inspirée d'un jeune poète, la métamorphose "fantastique" (v.12) (les deux mots sont de la même famille) que l'imagination du poète impose au paysage ("ombres fantastiques"; "doux frou-frou" des étoiles). C'est aussi une fantaisie sur le plan de l'écriture poétique : par sa façon très libre de respecter les règles du sonnet, par le rythme capricieux qui chahute l'alexandrin, par son vocabulaire familier, ses images insolites, ses rimes cocasses.

- un sonnet désinvolte : Rimbaud a choisi pour son poème la forme du sonnet, l'une des plus contraignantes de la poésie française. Mais il n'en respecte pas toutes les règles. La composition strophique est régulière (deux quatrains suivis de deux tercets), mais la tradition veut que les quatrains et les tercets constituent deux blocs en opposition sur le plan du sens. Ici, au contraire, la dernière phrase du second quatrain enjambe sur le premier tercet : une seule phrase du vers 7 au vers 14 (le manuscrit de Rimbaud reproduit dans les Classiques Hachette n°100 ne porte pas de point à la fin du vers 8; du point de vue du sens, le premier tercet prolonge bien l'idée du second quatrain : le poète écoute le bruit soyeux des étoiles). De même, pour les rimes des quatrains, Rimbaud respecte bien l'organisation en rimes embrassées mais il n'observe pas la règle de versification qui impose un seul jeu de rimes pour les deux quatrains : ici, il y en a deux ([vé/éal]; [ou/ours]). Enfin, tout sonnet est tendu vers son dernier vers qui, ici, est des plus loufoques (voir infra).

- rythmes capricieux : Rimbaud s'ingénie à briser la régularité de l'alexandrin; il évite dans plusieurs vers de placer la coupe principale à l'hémistiche comme le veut la tradition (cf. vers 1; 3; 4; 7; 12; 13). Les vers concernés présentent des profils rythmiques dissymétriques : 1/11 (vers12); 3/6/3 (vers 4); 5/7 (vers 13). Les glissements fréquents d'un vers sur l'autre (rejets des vers 6-7, 10-11; enjambement des vers 13-14) permettent de mettre en relief des mots-clés ("des rimes" vers 7 ) et créent des accélérations inattendues. Ces inégalités conviennent à l'expression de la fantaisie, de l'errance sans but au hasard des chemins. Elles rapprochent le débit du poème de celui de la prose et contribuent par là au ton désinvolte du texte.

- rimes insolites et jeux phonétiques : Rimbaud donne aussi l'impression de s'amuser beaucoup avec les mots. Par exemple dans la rime "fantastique/ élastique" ou dans la multiplication des rimes en [ou] : trou / frou-frou; course / ourse: gouttes /routes. Le froissement soyeux des étoiles est rendu par le triple [ou] de "doux frou-frou". On ne jurerait pas que le bizarre pluriel "des lyres" ne soit pas là pour qu'on comprenne "délires". Quant au mot "pied" dans "Un pied prés de mon cœur", comment faut-il l'interpréter. Comme l'organe de la marche ou comme l'unité de mesure du vers ? Et le hiatus de "paletot aussi" … Il eût été si facile de le supprimer qu'on doit le considérer comme une laideur volontaire.

- le mélange du noble et du familier :  Une autre caractéristique "fantaisiste" est le mélange de motifs poétiques traditionnels, mieux : de véritables clichés romantiques ("Muse, lyre, ciel, étoiles, féal, amours splendides…") avec un vocabulaire franchement prosaïque : culotte, large trou, poches crevées, paletot, élastiques, Oh ! là là!". Ce mélange répond à un but parodique. Il s'agit pour Rimbaud d'affirmer son refus de la "vieillerie poétique" (comme il dit dans Une saison en enfer), d'ironiser sur lui-même, d'éviter un trop facile pathos. Ce mélange du noble et du familier culmine avec le dernier vers du poème : "de mes souliers blessés, un pied contre mon cœur".

- images insolites : Notons pour terminer le goût pour les images hardies, celles qui associent des registres différents : comparaison des "élastiques" avec des "lyres"; celles qui associent le concret à l'abstrait : "égrener des rimes"; "paletot idéal".

Ma Bohême occupe une place à part dans les premières poésies de Rimbaud. Placé en conclusion du second "Cahier de Douai", il semble destiné par l'auteur à construire son propre mythe et à illustrer son programme poétique. L'auteur s'y peint comme un troubadour en guenilles, un poète-vagabond, un "clochard céleste" selon l'expression de Jack Kerouac, auteur américain de la « Beat Generation ». Il ébauche en peu de mots toute une thématique que l'on retrouve dans l'œuvre entière : l'attrait du voyage, la pauvreté, la révolte, l'enfance, le conte, la mère-nature, l'amour, la poésie. Il expose une volonté de tordre un peu le cou aux vieilles règles de la poésie : il brise le rythme de l'alexandrin (bientôt, il n'en voudra plus du tout); il pousse la poésie aux limites de la prose (bientôt, il ne voudra plus écrire que de la prose); il refuse de se prendre trop au sérieux, joue avec les mots, parodie, casse les élans lyriques par une pirouette d'autodérision, un trait de langage oral ou un terme familier qui fait couac. C'est un manifeste pour une poésie nouvelle et iconoclaste.


Bibliographie

 
 
Steve Murphy, "Le Sacré-cœur volé du poète", Lectures de Rimbaud, Revue de l'Université de Bruxelles, édition André Guyaux, 1982 / 1
Pierre Brunel, Rimbaud. Projets et réalisations, p.55-60, 1983.
Michel Décaudin, "'Fantaisie' chez Rimbaud", Minute d'éveil, Rimbaud maintenant, SEDES, p.115-119, 1984.
P.S. Hambly, "Lecture de Ma Bohême", Parade sauvage, Bulletin n°4,1988, p.27-41.
Marie-Paule Berranger, "Ma Bohème", 12 poèmes de Rimbaud analysés et commentés, Marabout, p.58-71, 1993.
Thierry Méranger, "Ma Bohème", Rimbaud, Œuvres poétiques et lettres choisies, Dossier du professeur, par  p.12-13, Hachette, 1998 .
Michel Murat, L'art de Rimbaud, p.180-183 (sur le dialogue avec Banville dans Ma Bohême), José Corti, 2002.
Steve Murphy, "L'amant des étoiles : Ma Bohême", Stratégies de Rimbaud, Champion, 2004, p.121-135.
Benoît de Cornulier, "Sur Ma Bohême, Fantaisie", De la métrique à l'interprétation, Essais sur Rimbaud, Éditions Classiques Garnier, Collection Études rimbaldiennes n°1, 2009, p.43-60.


Internet - Ma Bohême sur le site C.A.F.É : www.serveur.cafe.edu/genres/e-mabohe.html

source:http://abardel.free.fr/petite_anthologie/ma_boheme_panorama.htm#boheme

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