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Évaluation de la prestation de l'enseignant avec grilles.

Enseignement

 1-     Peut-on évaluer la prestation d’un enseignant ?

Tout le monde sera d’accord avec Charles Hadji pour dire  « Evaluer pour mieux faire évoluer » (1997). Dans cette optique, pour mettre en œuvre une formation en bonne et due forme, l’étape de l’identification des compétences pour l’exercice du métier, et donc l’étape de l’évaluation est une phase incontournable. Ainsi, l’ébauche d’un référentiel de base qui pourrait servir de support à la mise en place et au suivi du dispositif de formation, ne saurait voir le jour sans que l’on tienne compte d’un certain nombre de paramètres : comment fonctionne un enseignant ? Que doit-il savoir? Comment devrait-il fonctionner ? Y a-t-il évolution de ses représentations et de ses pratiques depuis la formation initiale reçue ? Bref, une série d’interrogations à laquelle on ne peut trouver des éléments de réponses que par le biais d’une évaluation raisonnée capable d’aider à comprendre la  situation et susceptible de fournir des repères à tous les partenaires de l’action formative. 

Toujours est-il que l’on pourrait être tenté de vouloir savoir ce qu’est étymologiquement le verbe ‘’évaluer’’. Les différentes acceptions qu’en donne Le Robert, renvoient à  évaluer : donner une valeur, apprécier : donner un prix, mesurer : calculer (évaluer une distance). Mais si on se limitait à de simples définitions, les problèmes de l’enseignement seraient résolus et la vie serait belle pour tout le monde. 

La quadrature du cercle est donc de savoir si l’on peut mesurer aisément les connaissances, les compétences voire les performances de l’enseignant. Chacun essaye de son côté de le faire tant bien que mal, de le faire implicitement ou explicitement, d’une manière subjective ou  plus ou moins objective, mais de l’avis de tous, le problème de l’évaluation est loin d’être réglé tant les outils de mesure dont on dispose sont insuffisants et souvent imparfaits. 

L'évaluation des enseignants intervient à plusieurs niveaux. Elle se fait sous forme d’une évaluation normative à visée purement sélective au niveau du recrutement pour une formation initiale. Elle se limite dans ce cas à identifier des aptitudes et à déceler des potentialités. Et combien de fois on se rend compte après coup, que le choix n’a pas été judicieux et que certains des profils retenus ne correspondent pas tout à fait à ce qu’on voulait exactement.  

Quant à la validation du CAPES et la confirmation du candidat dans son poste, elle, pourrait s’inscrire dans le cadre de l’évaluation sommative. Là encore, une grande difficulté s’impose à l’évaluateur : l’impossibilité de rectifier les erreurs du recrutement. L’objectif n’étant pas  souvent de développer des compétences, mais plutôt de repérer des lacunes non pour les combler, mais généralement pour les sanctionner. 

A son tour, l’inspection ou la visite de classe, même si elle se veut souvent formative, elle est très fréquemment couronnée par une note chiffrée (et donc quantitative). De surcroît, même si l’on hésite à le dire, le passage de l’inspecteur dans une classe, fait date dans la carrière de l’enseignant, qui la vit comme un grand événement. C’est également perçu par tous, comme étant un moment crucial qui va décider d’un avancement. Ainsi, on pourrait se demander où se situe la part de la formation dans une telle opération. 

Dans le secteur de l'Education nationale au Maroc, la pratique en matière d'évaluation des enseignants ne s'est pas améliorée au fil des temps, comme l'aurait souhaité le corps de l’inspection pédagogique. L’enseignant n’est jamais partie prenante dans son évaluation. Aucune indication ne lui est fournie sur les critères sur lesquels on se fonde pour évaluer ses pratiques. Encore moins, lorsqu’on demande à un inspecteur sur quelle pierre de touche il repose son évaluation, il n’avance pas d’éléments pointilleux susceptibles de faire l’unanimité de tout le corps. Nous en avons tenté l’expérience auprès de certains collègues, et voici les réponses recueillies :

 

-                    Tu sais, c’est simple. Je me mets à la place des élèves, si j’ai compris, c’est qu’ils ont compris.

-                    Rien de plus facile ! J’ai une grille dans ma tête, je l’applique chaque fois que j’observe une classe.

-                    C’est quelque chose d’indicible qu’on acquière tout en pratiquant.

-                    Je fais un peu comme  mes devanciers dans le métier, qui m’ont filé des tuyaux que je ne cesse de fignoler.

-                    Je fais référence à mon vécu d’enseignant et j’évalue par rapport à mes pratiques.

-                    J’essaye de recueillir toutes les informations possibles sur les dimensions du cours.

-                    Etc. 

         Ceci étant dit, la majorité des inspecteurs prennent en considération un certain nombre d’éléments qui peuvent varier d’une situation à l’autre. J’en rends compte ci-dessous sous forme d’une grille qui à mon sens, reste perfectible. 

a) - Conduite des élèves : 

-                    Entrée

-                    Sortie

-                    Participation (spontanée, contrôlée…)

-                    Gestion du temps et rythme de la classe

-                    Aptitude au questionnement du professeur 

b) - Utilisation de l’environnement : 

-                    Déplacement et  maîtrise de l’espace

-                    Voix, débit

-                    Utilisation du tableau, et autres supports

-                    Utilisation du manuel scolaire

-                    Gestion et tenue du cahier de textes

-                    Contrôle des classeurs d’élèves

-                    Adéquation des supports aux objectifs définis 

c) - Didactique : 

-                    Préparation mentale et matérielle (fiche à l’appui) des activités du jour

-                    Définition des objectifs et insertion dans une séquence/ dans une progression/ dans un projet

-                    Pertinence de l’activité proposée

-                    Mise en activité des élèves

-                    Prise en compte de l’erreur

-                    Formulation de bilans (partiels ou finaux : professeur/élèves)

-                    Réinvestissement (observé en cours/prévu…) 

d) - Comportements de l’enseignant :

-  Comportements positifs

-  Comportements négatifs

La liste des critères énoncés est loin d’être exhaustive. Et chacun la régule selon l’objectif de son observation, selon les lacunes de chaque enseignant et selon les spécificités de chaque établissement. Mais l’on pourrait déplorer que ces critères soient établis d’une manière unilatérale et à l’insu du deuxième partenaire de l’action évaluative. Qu’on le veuille ou non « l’évaluation est une interaction, un échange, une négociation entre un évaluateur et un évalué, sur un objet particulier et dans un environnement social donné. » (J. Weiss, 1991, cité par C. Hadji, 1997, page 31)                                                                                                             

             2 - Pour une évaluation formative des enseignants 

a)     – l’évaluation : un acte de négociation 

D’après F. SERRE (cité par CHARLIER)  « L’adulte évalue constamment des agir selon ses propres critères. Il n’aime pas se faire évaluer à partir de critères qui lui sont extérieurs, encore moins lorsqu’il ne les connaît pas ou ne les partage pas. » En effet, il faudrait s’abstenir de porter des ‘’jugements de valeur’’ sur les pratiques des enseignants si l’on tient à l’idée que l’inspecteur est là pour accompagner le professeur dans l’amélioration des ses façons de faire.  

L’inspection devrait être donc démythifiée en ce sens que si elle est gratifiante pour l’enseignant, elle devrait l’être aussi pour l’inspecteur qui par sa présence, a contribué à la réussite de la mise en place d’un certain nombre d’apprentissages. Par ailleurs, la clarté du jeu impose que l’on dévoile d’emblée ses cartes. En début d’année, au cours d’une réunion inaugurale qu’il pourrait organiser à cet effet, l’inspecteur proposerait aux enseignants qu’il encadre trois ou quatre critères (selon le contexte et les besoins) sur lesquels ils seraient évalués au cours d’une année scolaire. Lesquels critères évolueraient d’une année à l’autre, et l’inspection serait ainsi perçue comme étant réalisée dans le cadre de l’évaluation formative.

         En tout état de cause, l’idéal serait de réfléchir à la mise en place d’un dispositif de formation pour l’accompagnement individuel des enseignants. En effet, œuvrer à développer des actions d’évaluation formative à partir d’un certain nombre d’objectifs précis, pourrait aider les enseignants à mieux comprendre ce qu’ils savent faire et à prendre conscience de ce qu’ils ne savent pas faire. L’accompagnement individuel tenant compte des contraintes de chacun et de son rythme de formation dans des situations de face à face pourrait permettre à l’enseignant de pointer ses difficultés, de les analyser et de les surmonter.  

b)- L’entretien pédagogique : un moment de régulation des pratiques 

En vue d’élucider le contrat qui va lier l’enseignant (perpétuellement en situation de formation) et l’inspecteur en tant que formateur et non en tant qu’évaluateur, on pourrait songer à prévoir un préalable à l’évaluation, un moment qui permettrait de clarifier un contrat entre le ‘’formateur’’ et le ‘’formé’’. En ayant lieu avant la séance et non seulement à l’issue de la prestation, l’entretien de conseil pourrait permettre de rassurer l’enseignant, de l’aider à préparer les activités à entreprendre et de l’orienter dans ses choix didactiques.

Mais quel que soit le moment où il se situe, l’entretien pédagogique est un acte qui s’inscrit bel et bien dans le processus de l’évaluation formative. Il donne l’occasion à l’enseignant de s’exprimer sur sa prestation et de faire une autoévaluation de ses pratiques. La verbalisation de l’action pédagogique permet dans certains cas de purger des émotions. En outre, la confrontation des points de vue des deux personnes en présence, donne lieu à l’analyse de certains phénomènes didactiques et/ou pédagogiques, et débouche sur la formulation d’une problématique. Cette dernière pourrait être l’objet d’une réflexion qui serait menée par toute une équipe d’enseignants.

Par ailleurs, c’est un moment qui permet à l’évaluateur (puisque l’attribution d’une note est inévitable) de tirer des enseignements, de se faire une idée très nette de la culture pédagogique de l’enseignant et du stade où en est sa formation. Mais aussi et surtout de formuler des conclusions sur l’amélioration d’une pratique en général, celle des enseignants qu’il encadre et plus largement celle d’un système éducatif dont il est l’un des partenaires.

 c)- Les fonctions de l’entretien pédagogique :

Selon F. Clerc (1998), on pourrait attribuer à l’entretien pédagogique trois fonctions essentielles : une fonction de métacognition, une fonction formative et une fonction de socialisation. Je lui emprunte les différents repères qu’elle en donne, il me paraissent tellement  intéressants qu’ils peuvent éclairer certains de mes collègues qui se passent de ce moment capital.

- Fonction de métacognition :

 L’objectif de l’entretien à ce stade est de permettre au ‘’formé’’ de retrouver l’enchaînement des opérations mentales mises en œuvre durant la prestation et d’analyser ses pratiques. F. Clerc en donne six objectifs :

  • décrire son action pédagogique en retrouvant les enchaînements des processus par lesquels il est passé pour conduire la séquence,
  • se remémorer les faits qu’il a retenus comme significatifs et sur lesquels s’est appuyée son action,
  • repérer les éventuels décalages entre sa préparation et la conduite effective de la classe,
  • préciser ses choix didactiques et pédagogiques, en rendre compte, les mettre en relation avec les buts, des moyens disponibles, des caractéristiques d’élèves et des besoins d’apprentissage,
  • dégager des procédés efficaces, remarquer des effets négatifs de son action,
  • anticiper sur de nouvelles séances et ajuster sa progression. 

 - Fonction formative : 

Cette fonction est tributaire de la précédente puisqu’elle en constitue le prolongement. F. Clerc lui attribue trois objectifs, il s’agit notamment de :

  •          prendre conscience de ses atouts professionnels,
  •         se fixer des objectifs de progression adaptés aux élèves et des manières d’agir  compatibles avec ses moyens et avec sa personnalité,
  •      par la confrontation avec l’expérience de ‘’l’évaluateur’’, préciser les limites de sa formation et élargir sa représentation de la profession, situer son action par rapport aux orientations nationales.

 - Fonction de socialisation : 

L’objectif que l’auteur attribue à l’entretien  à ce stade, c’est qu’il permet au sujet en situation de formation   d’apprendre à coopérer. En effet, l’expérience l’a prouvé, nombreux sont les enseignants qui s’abstiennent de prendre la parole au sein d’un groupe élargi lors d’un regroupement pédagogique, mais une fois en tête-à-tête avec le ‘’formateur’’, ils n’hésitent pas à s’exprimer sur leurs réussites, sur leurs échecs et sur leurs frustrations professionnelles… L’entretien pourrait donc être un moyen de les préparer à coopérer également avec les équipes dans lesquelles ils évoluent.   

            Conclusion

La prestation de l’enseignant ne devrait en aucun cas, être le véritable objet de l’évaluation d’un enseignant. Ce n’est qu’un prétexte, une occasion pour évaluer son travail, mais dans une perspective formative. La présence du visiteur quel que soit son statut (formateur, inspecteur, simple observateur) devrait générer un ‘’conflit socio-cognitif’’ à l’issue duquel chaque partenaire arriverait à tirer des enseignements susceptibles d’aboutir à une contractualisation de la progression de la formation. ‘’L’évaluateur’’ devrait contribuer à trouver des modèles de solutions aux problèmes auxquels se heurte le praticien. En un mot, il doit lui rendre la tâche moins éprouvante en lui permettant de développer un certain nombre de compétences exigées par la pratique de la classe. Mais pour ce faire, un formateur d’enseignants devrait lui-même être en possession d’un savoir-faire professionnel ferme et consistant. Par ailleurs, tout en restant convaincu qu’il n’y a pas de profil unique à ce type  de formateur, je tenterai dans une recherche ultérieure, d’en dresser les grandes qualités.

Enfin, l’évaluation est un acte important (dont l’intérêt n’a pas de limites) dans le processus de l’éducation et de la formation. Elle a une double fonction. Réalisée dans une situation collective, elle permet de mesurer l’écart par rapport à l’objectif visé, d’identifier les points forts et les points faibles du système, mais elle aide à positionner un ‘’formé’’ par rapport à ses pairs en vue d’apporter à chacun le soutien adéquat. Effectuée dans un cadre individuel, elle offre la possibilité d’une introspection réflexive nécessaire à l’autorégulation des pratiques professionnelles.  

Voici un document pour une l'évaluation des compétences professionnelles de l'enseignant:

Grille d'évaluation des competences professionnellescompetences-professionnelles.docx (15.41 Ko)

 

Bibliographie sélective  

CHARLIER  E., et B.,    L’adulte en formation   Regards pluriels

                                                    DE BOECK université, Paris, Bruxelles, 1996

CHARLIER  E., et B.,            La formation au cœur de la pratique

                              Analyse d’une formation continuée d’enseignants     DE BOECK université,1997

CLERC  F.,                                Former des praticiens formateurs 

      In La formation des enseignants sur le terrain Coordonné par A. Bouvier et J.P. Obin

                                                 Hachette, 1998

HADJI  C.,                                 L'évaluation règles de jeu   ESFéditeur, 1997

HADJI  C.,                                 L’évaluation démystifiéeESF éditeur, 1998

 

http://jmadoux.e-monsite.com/pages/evaluation-des-pratiques-d-enseignants.html

                                             

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