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L'ironie dans La Boîte à Merveilles

 

Plan

1)   Définitions

2)   Le contexte historique

3)   La critique dans La Boite à Merveilles

4)   Conclusion

 

Définitions

L'ironie est l'art de dire le contraire ce que qu'on veut laisser entendre tout en donnant suffisamment d'indices pour que le récepteur comprenne bien que l'on dit le contraire de ce qu'on peut comprendre en lisant le texte au pied de la lettre.

Il y a donc dans l'ironie un décalage entre l'expression apparente (ce qui est dit) et le fond réel de la pensée (ce qui est sous-entendu). L'ironie est une figure qui se saisit grâce au contexte dans lequel elle est énoncée, contexte permettant de ne pas interpréter au pied de la lettre ce qui est dit, mais plutôt de comprendre le sous-entendu. Pour faire de l'ironie, on utilise parfois la caricature.

La caricature est une exagération ou une déformation en insistant sur les défaut, les caractéristiques défavorables, les traits ou détails péjoratifs dévalorisants dans le but de se moquer

 

 

Le contexte historique

 

Avant de s’intéresser à l’ironie et la caricature dans la Boite à Merveilles il convient de se replacer dans le contexte politique du Maroc des années soixante et soixante-dix.

Dans un paysage culturel dominé par les intellectuels de gauche, en particulier par le groupe de

la revue Souffles, qui, à partir de 1966, s’est constitué autour du poète A. Laâbi, l’art est investi

d’une mission : le parachèvement de l’entreprise décolonisatrice par la revivification de la

culture nationale. Dans cette perspective, la littérature est un outil de combat : le message

idéologique, c’est-à-dire la réhabilitation de la culture populaire, doit l’emporter sur les

préoccupations esthétiques. Un récit doit afficher, d’une manière transparente et ostentatoire, les

choix idéologiques de son auteur. En somme, l’art est une affaire d’engagement

 

La critique dans La Boite à Merveilles

 

Boîte à merveilles est une fiction sous-tendue par un point de vue critique sur la société. Le traitement de cette question est d’autant plus difficile que le narrateur se contente, apparemment objectivement, de décrire le monde qui l’entoure et que l’auteur a sciemment choisi de déréaliser son récit.

La Boîte à merveilles est comme ces rivières dont le calme apparent est trompeur parce

qu’il cache des lames de fond d’une grande force. En effet, ce récit ne comporte aucun jugement de

valeur explicitement négatif de la société marocaine. Ce qui ne veut pas dire que toute critique de

cette société en soit absente.

Ironie et caricature

Dans le milieu féminin qui entoure l’enfant, c’est la mère qui pâtit le plus de l’exercice

de l’ironie du narrateur. Moyennant la technique de la caricature, notamment par l’opposition

systématique avec la figure du père, l’exemple même de la pondération et de la modération, le

narrateur souligne la propension exagérée de la mère au cabotinage, à la mise en scène. C’est une

femme qui aime à se donner en spectacle tout en restant attentive à l’effet qu’elle désire produire

sur ses interlocuteurs. On se souvient qu’en faisant à son mari le récit de son altercation avec

Rahma, Zoubida passe sans transition aucune de l’état d’humiliée inoffensive à celui de « furie »

(p.18) que rien ne peut arrêter :

« Cette dégoûtante créature a souillé mon linge avec ses guenilles qui sentent l’étable.

Elle ne se lave jamais d’ordinaire, elle garde ses vêtements trois mois […] Tu connais ma patience

[…] je tiens cela de ma famille.) »  p. 17-18.

 

Voilà un bel exemple d’autodérision. Au moment où la mère s’enorgueillit d’être polie,

elle fait exactement le contraire. Par ailleurs, la politesse n’est pas un comportement individuel mais

une qualité que l’on hérite des ancêtres. Sefrioui dénonce subrepticement une morale tribale qui

amène l’individu à ne se percevoir que comme le digne héritier des valeurs fixées par les ancêtres,

quitte même à s’inventer une lignée imaginaire, et à agir en conséquence :

« Ma mère ne manquait jamais d’évoquer ces origines lors des querelles avec les

voisines. Elle osa même soutenir devant Rahma que nous étions d’authentiques descendants du

prophète. » . p. 16.

 

En fait, à travers la figure de la mère, ce sont les structures mentales de toute une société

qui sont visées. Le personnel romanesque, en particulier les femmes, est submergé par les

 

obligations de la vie quotidienne, tant et si bien qu’il s’invente de fausses valeurs qui sont en réalité

l’expression d’un malaise profond.

La preuve la plus évidente à cet effet est que la chouafa, le fquih et les saints ont un

succès indéniable dans la Boîte à merveilles. Tout le monde recourt à leurs services dans l’espoir de

trouver un remède à ses déboires : Zoubida au cours de la maladie de son fils et après le départ de

son mari, Lalla Aïcha après le remariage de Sidi Larbi, son époux, pour ne citer que ces exemples.

En outre, la jalousie, les commérages et les qu’en-dira-t-on dessinent en creux l’image

d’une société mal dans sa peau, qui manque terriblement de cohésion en dépit d’une politesse de

pure façade :

« D’une voix ensommeillée, ma mère déroula son chapelet de salutations d’usage qu’elle

adressait chaque matin à sa voisine d’en face. Celle-ci lui souhaita une heureuse journée avec les

formules habituelles. Aucune n’écoutait les propos de l’autre. Chacune récitait son boniment sur un

air monotone, sans ardeur et sans enthousiasme. » ., p. 27.

 

Il est donc bien évident que l’œuvre de Sefrioui ne se contente pas, comme on serait tenté

de le croire à première vue, de décrire les rites et les coutumes d’une société ;elle essaie, au

contraire, d’en saisir la signification profonde.

Dans la Boîte à merveilles, en effet, la collectivité est presque toujours un non sens. C’est

ainsi que dans le bain maure, l’enfant se demande « ce que pouvaient bien faire toutes ces femmes

qui tournoyaient partout, couraient dans tous les sens.» (p.12). Et voilà le commentaire du narrateur

que suscite la scène de la dispute entre Zoubida et Rahma : « C’était une tempête, un tremblement

de terre, le déchaînement des forces obscures, l’écroulement du monde. » (p.18).

Même pendant les évènements malheureux, la solidarité du groupe est pure extériorité.

Après la disparition de Zineb, Zoubida se joint au cortège des pleureuses pour « « soulager son

coeur » » (p.36), Et si elle se montre affectée par la mort de Sidi Mohammed ben Tahar, le coiffeur,

c’est uniquement parce qu’elle estime que « cela lui fera du bien d’aller pleurer un peu » (p.65).

 

On comprend dès lors pourquoi l’enfant n’éprouve aucune espèce d’affection pour le milieu

dans lequel il évolue et pourquoi il sombre dans une solitude de plus en plus lancinante.

C’est que sa perception du monde est foncièrement différente de celle de son entourage. Et il le

Vérifie en permanence. Au moment où la mère voit dans le cabochon de l’enfant un objet ridicule,

sans intérêt, celui-ci le dote de vertus magiques. Même le père, d’habitude adulé par le fils,

n’échappe pas à la critique. L’enfant ne comprend pas la réaction de ses parents qui « éclatèrent de

rire » en entendant la comparaison établie entre les bijoux et les fleurs par le poète en herbe : « Je

trouvai leur réaction déplacée. Un doute se glissa en moi sur la qualité de leur intelligence. » ., p. 118.

Pour mesurer la complexité de la vision de Sefrioui, il faut quand même remarquer que

sa critique n’est jamais radicale. Le regard qu’il porte sur la société est lucide et sans concession

 

Majda MAALAL

Source : http://www.fpamaroc.org/contributions/fr/mehdi.pdfh

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