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La communication non violente

Si vous êtes dans l’éducation ou la formation alors vous devez connaître une situation courante : le conflit ! Le conflit avec les élèves bien sûr, mais peut-être aussi le conflit avec les collègues. Vous essayez de rester calme. Mais diable que c’est dur. La colère est difficile à dissiper. Face à un élève qui manque de respect, l’exclusion du cours est une réplique classique. Et selon la gravité du méfait, les options de sanctions vous trottent dans la tête. Mais vous ne pouvez pas gérer un élève difficile uniquement par la sanction. Exclure un élève d’un cours c’est comme un fusil à 1 seul coup : vous n’avez plus rien après.

Si vous êtes parent, le conflit vous connaissez : vos enfants qui ne veulent pas obéir. Du classique. Il faut alors crier pour se faire entendre, brandir la menace avec la méthode de la  carotte et du bâton : « Tu pourras sortir ce week-end à condition que … tu fasses tes devoirs.»

Bref, quel parent n’a pas connu cela ? Sauf qu’avec ce mode de communication, à la longue, vous devenez de moins en moins efficace. Outre le fait que ce soit fatigant, vous perdez le lien avec votre enfant. Au fond de vous, vous aimeriez avoir des rapports plus.

Alors vous avez beau vous promettre que vous resterez zen la prochaine fois, que vous prendrez sur vous (la pire des méthodes). Que va-t-il se passer ?  Au prochain problème, vous répèterez toujours le même schéma : la colère, la menace, la sanction…

Que vous soyez professeur, formateur ou de parent, si votre motivation à des rapports  apaisés avec autrui est très forte,  la tentation est grande de laisser faire, de vous dire « à quoi bon ! ». Bref une forme de renoncement. C’est humain, mais c’est la pire des solutions. Pourquoi ? En agissant ainsi vous fuyez leconflit, vous ne pouvez pas le résoudre. Fuir le conflit, c’est la meilleure façon de l’exacerber.

Le problème est que vous n’utilisez pas de bons outils de communication ou même aucun. Faut-il encore les connaître.  C’est ce que je vais vous montrer dans cet article. On va commencer par analyser l’erreur de communication que font 99% de personnes.

L’erreur de communication N°1 faite dans 99% des cas

Quelle est cette erreur courante ? 

L’idée d’écoute active a été formulée pour la première fois par Carl Rogers et Farson en 1957 (sous le terme « active listening »). Mais l’écoute active s’est fait connaître en 1987 par un article de Carl Rogers (1) dans un livre « Communicating in Business Today » (2) . Cet article fit sensation, car l’écoute active était perçue (à tort) comme quelque chose de passif. L’écoute active a été ensuite popularisée par la PNL, et dans le processus de la communication non violente.

Expressions de l’écoute active :

1. Je comprends que  (reformuler le désir) mais TU comprends ce n’est pas possible (expliquer pourquoi).

2. Je comprends que  (reformuler le désir) mais VOUS comprenez ce n’est pas possible (expliquer pourquoi). Vous devriez  (formuler un un conseil).

 

La communication non violente

 


 

La communication non violente vous connaissez ?

La communication non violente est une approche qui fut initiée dans les années 60 par Marshall Rosenberg (3), psychologue clinicien américain. Elle s’est diffusée en France un peu plus tard, dans les années 90.  La communication non violente (CNV) est un outil de communication qui a pour but de désamorcer un conflit pour le transformer en une simple discussion. L’idée est de passer d’un état émotionnel fort (conflit) à un dialogue pacifique, dénué de toute agressivité verbale.

La communication non violente (CNV) propose une « trame » qui repose sur quatre étapes.

Étape 1 de la communication non violente : l’observation de la situation.

Il s’agit d’observer ce qui se passe, sans apporter de jugement.

C’est une étape qui n’est pas facile, car notre cerveau a appris depuis l’enfance à juger, à avoir une opinion sur tout. Alors, comment enrailler ce réflexe conditionné ? Dans votre dialogue, il suffit de décrire une situation sans émettre aucun avis.

Voici un cas pratique

À éviter

Le professeur à l’élève – « Tu es un fainéant » [ jugement ]

Le parent à son enfant – « Tu ne travailles pas ! »  [ Jugement ]

En communication non violente

Le professeur à l’élève – « Cela fait 1 mois que tu n’as remis aucun devoir.» [observation]

Le parent à son enfant « Tes notes sont dans toutes les matières en dessous de la moyenne depuis ce semestre.» [observation]

Évitez absolument d’être dans une démarche de pouvoir ou de rapport de force. C’est assez tentant lorsque l’on est sous l’emprise de la colère par exemple.  L’intention reste avant tout de communiquer. Gardez cela en tête.

Étape 2 de la communication non violente : exprimer ses sentiments, son émotion. Qu’est-ce que je ressens ?

Cette deuxième étape consiste à exprimer ce que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes, suite à notre observation. La grande difficulté de cette étape est d’identifier et de décrire clairement nos propres émotions. Pourquoi cette difficulté ?

Parce que nous avons été formatés depuis l’enfance à tourner notre regard et nos actions par rapport aux autres (plutôt que de rester connecté à l’intérieur avec nous-mêmes) en nous demandant : « qu’est-ce que les autres pensent de moi ?  Comment devrais-je me comporter ? Qu’est-ce que je devrais dire pour être accepté du groupe ?»

Quand vous dites à votre conjoint « je ressens que je vis avec un fantôme », cette expression n’attirera pas l’attention de l’autre. Cela va  être perçu comme un critique plutôt qu’une invitation à se connecter avec ce que nous ressentons. De plus, de telles déclarations agissent souvent comme des prophéties autoréalisatrices.

Autre exemple à éviter :

«je me sens incompris

L’erreur ici est que vous évaluez le niveau de compréhension de l’autre personne, plutôt que d’exprimer vos émotions.

La bonne expression selon la communication non violente serait :

« je ressens de l’anxiété » ou « je me sens contrarié » ou d’autres émotions.

Cas pratique

Le professeur à l’élève –

« J’ai l’impression que vous ne me respectez pas ! Je ressens de la colère. Je suis triste de voir autant de capacité gâchée. ».

L’erreur dans cette étape est de confondre le ressenti avec la perception que j’ai de l’autre. Cela reviendrait à dire ses 4 vérités, ce qu’il faut absolument éviter. Ce qu’il faudrait dire selon la communication non violente :

« je ressens de la colère et je suis triste aussi ! »

Le parent à son enfant :

« Je ressens de l’impuissance et aussi de la frustration avec tous les efforts en soutien scolaire que l’on a fait pour toi. ».

À éviter, la perception de l’autre ou pire l’expression de l’émotion liée à de la culpabilisation.

Ce qu’il faudrait dire selon la communication non violente :

« Je ressens de l’impuissance et aussi de la frustration! »

Attention également aux expressions qui peuvent amener à un jugement comme « J’ai le sentiment que tu ne me respectes pas.»

Ici, il faut faire cours. Évitez absolument les mots comme « parce que », « car », « que ». Voici une trame pour ne pas se tromper  :

« Je ressens [émotion] ».

Étape 3 de la communication non violente : exprimer son besoin ou ses besoins.

Savez-vous que les actes, les comportements, les paroles d’autrui ne sont jamais la cause de nos émotions . Ils sont seulement déclencheurs de nos émotions. Eh oui ! Notre erreur vient de la confusion entre ces 2 choses qui nous font croire que c’est l’autre qui est à l’origine de nos émotions. C’est faux, la cause est en nous-mêmes. C’est-à-dire ? Nos émotions proviennent de notre perception des actes, des comportements, des paroles de l’autre. Perception étroitement liée à nos besoins et à nos attentes particulières à ce moment précis.

Gregg Henriques, professeur de psychologie, à la James Madison University a écrit un très bon article (en anglais) à ce sujet que vous pouvez consulter (4)

Quand une personne nous envoie un message négatif bien souvent nous réagissons de 2 façons .

1. Se sentir coupable : nous acceptons le jugement de l’autre, on se place dans une posture où l’on se sent visé. Nous abaissons alors notre estime de nous-mêmes et cela nous incite à ressentir un sentiment de culpabilité, de honte. Attitude conditionnée par le fait de vouloir être accepté, par peur du rejet.

2. Rejeter la faute sur l’autre : c’est la  riposte. On retourne le jugement, la critique, la reproche… à notre interlocuteur. Nous ressentons de la colère, émotion négative qui limite toute résolution de conflit.

Ces 2 façons de réagir, en quasi-réflexe, sont néfastes. L’une entraine la perte de confiance en soi avec un comportement de fuite. L’autre amène à une joute oratoire, en mode ping-pong, où il y a un vainqueur et un perdant.

Face à un message négatif pouvant blesser, l’approche de la communication non violente propose de se centrer sur nos besoins. Comment cela fonctionne-t-il ? Revenons à nos exemples.

Le professeur à l’élève

« Ça me rend furieux de voir que vous ne rendez pas vos devoirs. »

Ce qu’il faudrait dire selon la communication non violente : « ça me rend en colère de voir que vous ne rendez pas vos devoirsparce que je veux que vous réussissiez, je veux que vous utilisiez votre potentiel. »

Le parent à son enfant

« Ça me met en rage de voir un bulletin de note si mauvais depuis 6 mois. »

Ce qu’il faudrait dire selon lacommunication non violente :

« ça me met en rage de voir que tes notes sont dans toutes les matières en dessous de la moyenne depuis ce semestre parce que je veux tu réussisses ta vie professionnelle. »

Lorsque l’on associe son émotion à son besoin, autrui est plus à même de faire preuve de compréhension et d’empathie. Il peut alors y avoir un dialogue.

Avant de pouvoir faire cela, il faut prendre conscience, et accepter que nos émotions proviennent de notre perception  des actes, des comportements, des paroles de l’autre.

Pour vous exercer à avoir cette réaction centrée sur votre besoin, vous pouvez utiliser la trame

« Je suis [émotion] parce que je veux / je voudrais que … »

« Je suis en colère de te voir si mal habillé, car / parce que, je voudrais que tu aies une bonne image vis-à-vis de tes camarades. »

« Je suis attristé de voir que vous utilisez votre téléphone portable en classe parce que je veux que vous réussissiez votre examen. »

Étape 4 de la communication non violente : formuler son attente 

Cette quatrième étape consiste à exprimer, à formuler une demande à autrui. Attention ! Il ne s’agit pas de vouloir changer l’autre (car son comportement nous déplaît), ou que l’autre se plie à notre volonté. Pour cela, privilégiez l’emploi du conditionnel « j’aimerais, je voudrais… »

Bien entendu, il s’agit de faire une formulation positive et surtout précise. Pour s’assurer que la demande est comprise et acceptée, il est parfois utile de faire répéter cette demande par l’interlocuteur.

Cas pratique

Le professeur à l’élève

Le professeur – « J’aimerais que vous fassiez 2 exercices supplémentaires pour la prochaine fois en plus des devoirs qui seront à rendre. Je peux compter sur vous ? »

L’élève –  « Oui Monsieur ! »

Le professeur – « Donc pouvez-vous me rappeler ce que j’attends de vous pour la prochaine fois »

L’élève –  « …De rendre les devoirs. »

Le professeur de rajouter – « …Et les 2 exercices supplémentaires. J’imagine que vous avez bien compris. »

L’élève – « Oui et les 2 exercices supplémentaires. »

Le parent à son enfant

Le parent – « Je voudrais que tu fasses un effort pour travailler : je te propose que tu consacres 1 h chaque jour à tes devoirs sans distraction. Est-ce que tu es d’accord ? »

L’enfant – « Oui je suis d’accord »

Le parent – « Tu es d’accord sur quoi ? »

L’enfant – «  De travailler mes devoirs »

Le parent – « Tu as mal compris : je te demande 1 h par jour sans distraction… comme le téléphone portable »

L’enfant – «  Oui ! c’est compris »

Le parent – « que proposes-tu pour ne pas être distrait par ton téléphone ? »

L’enfant – «  De l’éteindre »

Le parent  –  « De l’éteindre et de me le donner durant cette heure de travail ».

        La communication non violente se décompose en 4 étapes :

  1. l’observation de la situation : contentez-vous de décrire la situation

  2. Exprimer ses sentiments, son émotion : je ressens de [émotion]

  3. Exprimer son besoin ou ses besoins: … parce que je veux que …

  4. Formuler son attente : formuler ses attentes (et s’assurer que la personne ait compris en reformulant).

 

Comment dire « non » ou émettre une critique sans vexer : la Méthode D.E.S.C.

Dans le même esprit de la communication non violente, vous pouvez utiliser la méthode D.E.S.C. C’est une approche plus appropriée pour dire « non » ou émettre un critique sans risquer de froisser votre interlocuteur et couper, au final, toute communication.

La méthode DESC a été conçue dans les années 70  par Gordon H. Bower et Sharon Anthony Bower (5) . Elle rejoint sur de nombreux points la communication non violente. Il y a également 4 étapes : Décrire, Exprimer, Suggérer, Conclure.

Étape 1 du DESC : «D» pour décrire

Le but de cette étape est d’expliquer une situation ou un comportement problématique qui fait l’objet de la critique. La description est basée sur des faits concrets et observables. Il faut être le plus objectif possible. Vous remarquerez que cette étape de – Décrire- est assez similaire à la première étape de la communication non violente. Vous pouvez reprendre la même démarche.  Ici, un conseil : restez simple et évitez toute exagération. Pour éviter les travers du jugement posez-vous les questions de précision suivante :

« Quelle est l’action, quels faits,  me font dire cela ? »

« Toujours / Jamais …. Est-ce vraiment le cas ? »

Si vous êtes professeur, vous pouvez vous dire que :

« Charles est un fainéant ! »

Quelle est l’action, quels faits me font dire cela ? Car « Charles ne fait jamais ses devoirs ! »

Vraiment jamais ? N’y a il pas eu des moments où Charles a rendu ses devoirs ? «  Oui ! Une fois sur deux seulement.»

Voyez, l’expression  « Charles est un fainéant » est un jugement de valeur. Alors que la réalité objective est : Charles rend ses devoirs une fois sur deux.

Si vous êtes parents, vous pouvez vous dire que :

« mon enfant est bordélique »

Quelle est l’action, quels faits me font dire cela ?  Car « sa chambre n’est jamais rangée ! »

Vraiment jamais ? N’y a il pas eu des moments où votre enfant a rangé sa chambre ? Et que veut dire « ranger » pour vous ?

Ici l’impression et le jugement de valeur proviennent du sens que vous donnez au mot « ranger ». Qu’est-ce que veut dire « ranger » ? Absolument rien ne doit trainer ?  Le sens est large et laisse à interprétation.

Enfin il y a la fausse observation, car elle basé sur un jugement. Voici un exemple. Le parent de Charles lui dit :

  « Tu es mauvais à l’école, car tu as de mauvais résultats »

« Être mauvais à l’école» –> Comment le parent sait que son fil est mauvais à l’école ? Car « il a des mauvais résultats. » Mais que veut dire mauvais résultat ? Il n’est pas le premier de la classe ? Il a juste la moyenne ou il est systématiquement dernier dans toutes les matières ?

Pour éviter cela, le parent de Charles doit accès son observation sur des faits précis, observable ET mesurable comme :

« Charles, tu as des notes en dessous de la moyenne depuis le dernier semestre »

 

Étape 2 du DESC : « E» pour exprimer

Ici, le but est de dire ce que VOUS ressentez. Là encore, il y a une analogie avec la communication non violente. Pour rappel, il ne s’agit pas de dire ses quatre vérités à l’autre. Vous devez exprimer ce que vous ressentez (frustration, énervement, peur, etc.). Bref, c’est faire connaître à l’autre vos sentiments, vos émotions, vos désaccords que le problème crée chez vous.

Le professeur – «Charles, vous rendez les devoirs qu’une fois sur deux. Cela me rend furieux. »

Le parent à son enfant – « Charles, tu as des notes en dessous de la moyenne depuis le dernier semestre. Avec ton père, nous sommes assez inquiets. Moi surtout. »

Étape 3 du DESC : « S» pour spécifier

Cette étape consiste à exprimer ce que l’on souhaite voir changer pour que le problème ne se reproduise plus. Souvent, le problème concerne une modification de comportement d’autrui perçu comme non respectueux. Ici, il s’agit de parler de la solution et uniquement de celle-ci. L’erreur dans une communication est de se focaliser sur le problème. À force d’en parler, le problème est amplifié. C’est comme cela que l’on aboutit à une impasse où chacun campe sur ses positions. Ici, le principe est tout autre.

Le problème a été exprimé dans la première étape (Décrire) et la deuxième (Exprimer). Il s’agit maintenant de se focaliser sur la ou les solutions avec une mise en place d’actions qui visent à régler ce problème.

Attention ! Vous suggérez la ou les solutions. Évitez d’imposer quoi que ce soit, même si cela peut paraître du bon sens. Le mieux est de trouver une solution commune.

Le professeur à l’élève –  «Charles, vous rendez les devoirs qu’une fois sur deux. Cela me rend furieux. – Je vous suggère d’en parler tous les deux. »

Le parent à son enfant  – « Charles, tu as des notes en dessous de la moyenne depuis le dernier semestre. Avec ton père, nous sommes assez inquiets. Moi surtout. – Je te suggère de nous remettre ton téléphone portable quand tu fais tes devoirs. »

Étape 4 du DESC : « C» pour conséquences

Cette étape a pour but d’imaginer (ou de faire imaginer) les conséquences positives et heureuses de l’action mise en place. C’est ce que l’on appelle, en psychologie cognitive, faire un pont vers le futur. Cela prend la forme de questions du type : « Imagine ce qui se passerait avec ce nouveau comportement, avec cette solution ? Quelles seraient les conséquences positives pour toi et pour moi ? »

Pour renforcer l’effet de cette étape (Conséquences), il convient aussi de se poser la question sur les conséquences négatives si le comportement ou le problème persistait.

Cette étape est souvent négligée dans la pratique du DESC, ce qui est une grosse erreur. Cette étape est peut-être la plus importante. Pourquoi ? Car le cerveau fuit la douleur et va vers le plaisir. En imaginant les conséquences négatives si le problème venait à persister et les conséquences positives sur la nouvelle solution le cerveau s’oriente vers un nouveau comportement beaucoup plus facilement. Je dirais même que c’est une étape où il faut bien prendre son temps quitte à répéter pour « ancrer » les conséquences positives et négatives.

Le professeur à son élève – «Charles, vous rendez les devoirs qu’une fois sur deux. Cela me rend furieux. – Je vous suggère d’en parler tous les deux.Cela nous permettra de  trouver un moyen pour que vous soyez plus régulier dans votre travail. »

Le parent à son enfant « Charles, tu as des notes en dessous de la moyenne depuis le dernier semestre. Avec ton père, nous sommes assez inquiets, moi surtout. Je te suggère de nous remettre ton téléphone portable quand tu fais ton travail. – Tu ne seras plus distrait dans tes révisions et la réalisation de ton travail. »

 

Les 3 erreurs majeures dans la mise en application du DESC

Erreur n°1 – Objectif flou ou inexistant


Beaucoup de tentatives de DESC avortent car on se rend compte que l’objectif visé n’est pas clair ou est inexistant.

Il est fréquent de dévier de son but en cherchant à critiquer l’autre, à lui faire savoir combien son comportement nous a causé de désagrément, à vider son sac de rancunes et de rancœurs ; c’est-à-dire qu’après avoir décrit (D) et exprimé (E), nous en restons là et ne passons pas aux propositions constructives : ni suggestions (S), ni conséquences (C).

Pour critiquer vertement, remettre à sa place un collègue ou un élève sans rien proposer, il n’est pas nécessaire d’être un adepte de l’assertivité. Cela vient tout naturellement, il suffit de se laisser aller et de donner libre cours à son agressivité. Pour être assertif, il est bon de se dégager de l’affectivité qui perturbe la réflexion et de se projeter dans l’avenir en envisageant un changement constructif.

Pour arriver à bâtir un DESC court, réaliste, efficace, il est bon d’avoir préparé ce que l’on va dire, comment on va le dire, quelles seront les conditions matérielles de la rencontre, mais surtout quel est le changement visé.

Beaucoup de tentatives de DESC avortent, car on se rend compte que l’objectif visé n’est pas clair ou est inexistant.

Erreur n°2 – Se défendre et se justifier

Quand on est confronté à une difficulté avec une personne de son entourage, on a souvent tendance à vouloir se défendre et se justifier. Nous avons du mal à accepter de déplaire, de laisser les autres indifférents, mais plus encore à accepter que les autres se trompent sur nous. Nous dévions alors la démarche rigoureuse du DESC en cherchant à réfuter les arguments avancés par l’autre, à démontrer notre innocence, à donner des preuves de notre bon droit et de notre compétence. Nous changeons d’objectif.

L’enseignante d’histoire peut ainsi se tromper d’objectif en réalisant son DESC avec sa collègue. Elle peut être tentée de lui démontrer qu’elle est très compétente en histoire puisqu’elle a obtenu son agrégation et donc que sa définition de l’adoubement est exacte.
Ce faisant, elle se justifie, cherche à convaincre sa collègue qui ne l’écoute guère et qui recommencera sans doute à la critiquer devant la classe entière. Elle ne règle pas le problème en se justifiant ainsi.

Erreur n°3 – Refuser l’idée d’un compromis

Pour réaliser son objectif, pour déclencher un changement utile, il est souvent nécessaire de faire des compromis. Ainsi notre enseignante d’histoire choisit de ne pas demander d’excuses, de ne pas ergoter sur l’adoubement (bonne ou mauvaise définition ?). Elle dépasse l’événement pour construire l’avenir et s’assurer qu’un tel incident ne se reproduira plus. Elle fait un compromis parce qu’elle sait déterminer ce qui est important. Il vaut mieux éviter les mises en cause devant la classe que de faire reconnaître sa valeur et sa compétence dans ce cas précis.

Quelques précautions à prendre pour une communication assertive et faire un DESC

Traiter en privé plutôt qu’en public

Tout enseignant a appris, sur le tas, qu’il est imprudent de faire un reproche à un élève devant la classe entière. Ce dernier fait souvent le malin, agresse, refuse en bloc et la situation se dégrade. Par contre une discussion en tête à tête est plus efficace.

Ne pas traîner

Si l’on tergiverse en espérant que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes, c’est alors que l’autre fait preuve de capacités d’oubli insondables… La description (le D du DESC) ne lui rappelle apparemment aucun souvenir tangible ! Pour éviter ces trous de mémoire stratégiques, il est bon de ne pas laisser traîner les choses. S’il est imprudent de tailler dans le vif au moment d’un désaccord et d’un conflit, il l’est autant d’attendre trop.

Choisir le bon moment

Lorsqu’on soulève un problème léger ou lourd à un moment ou 1’autre n’est pas disponible, alors le DESC est voué à l’échec il sera rejeté avec agressivité.
Pour éviter cela, il est bon de vérifier la disponibilité de son vis-à-vis, de demander un rendez-vous si nécessaire. Mais, a contrario si pour la personne concernée ce ne semble « jamais – être le bon moment il est conseille d intervenir sur-le-champ. Il s’agit d’un passif qui se cache derrière son indisponibilité.

Parler d’une chose à la fois

Les gens sont souvent si difficiles à aborder que l’on est tenté de profiter d’un entretien pour déballer tous les griefs accumulés. Il risque d’être vraiment décontenancé car, au lieu d’obtenir son rétroprojecteur, si nécessaire et convoité, il repart avec la clef d’une armoire qu’il n’utilise presque jamais… Pour obtenir l’essentiel il est recommande de ne parler que de l’essentiel.

 

Pour arriver à bâtir un DESC court, réaliste, efficace, il est bon d’avoir préalablement préparé ce que l’on va dire, comment on va le dire, quelles seront les conditions matérielles de la rencontre, mais surtout quel est le changement visé. Beaucoup de tentatives de DESC avortent car on se rend compte que l’objectif visé n’est pas clair ou est inexistant.

Construire un DESC est chose assez aisée si l’on arrive à dépasser rancunes, rancœurs, déceptions et frustrations. Par contre, faire « passer » un DESC dans une relation à deux ou à plusieurs devient plus complexe. En effet, celui qui est sensibilisé au problème désire le régler au mieux et le plus vite possible ; en revanche, celui qui est à l’origine du problème ne voit pas où se situe la difficulté, il est soit innocent et inconscient, soit de mauvaise foi. Ne ressentant pas le malaise, il n’est pas prêt à changer son comportement a priori. Il est donc nécessaire de le mobiliser, de susciter chez lui la réflexion de la confronter à la réalité vécue par l’autre. De plus, celui qui désire faire

un DESC choisit la position assertive mais se trouve généralement confronté à un partenaire qui ne connaît pas la technique. Et s’il la connaît, il n’est pas dit qu’il désire se montrer assertif à cette occasion ! Il cherchera à gagner du temps, à dévier, à compliquer le problème pour éviter de s’engager. C’est pourquoi un DESC bien construit peut échouer du fait des autres ! Il est donc important de se préparer à la rencontre, de chercher les arguments que l’autre risque de vous opposer afin de trouver la réponse appropriée, d’envisager les compromis nécessaires et de repérer les gaffes à éviter à tout prix, afin d’esquiver l’enlisement et les blocages et de rester propriétaire de son problème.

Pour éviter de se faire voler son problème par celui qui est concerné et qui refuse de changer, il est bon d’avoir à proposer des solutions précises, faciles et correspondant bien à la personnalité de l’élève. Il est important de se recentrer sans cesse sur l’objectif visé en refusant l’enlisement et le pinaillage. C’est pourquoi il faut être alerté et déterminé à passer rapidement sur le D et le E du DESC pour éviter la manipulation. Le DESC échoue si l’enseignant manque de vigilance. Il se laisse voler son problème et rien n’est réglé. La concision du propos, le recentrage des interventions et la facilité d’exécution des propositions de changement constituent les meilleurs garde-fous pour une réussite du DESC.

Le DESC est généralement inefficace en situation de rapport de forces défavorable. Celui qui détient le pouvoir de décision a le dessus. Il est cependant essentiel de dire que le rapport de forces n’a rien à voir avec l’organigramme et la situation hiérarchique. L’enseignant est en rapport de forces défavorable vis-à-vis d’un élève démotivé qu’aucun argument ne mobilise, il est par contre en rapport de forces favorable avec un chef d’établissement désireux de faire valoir toute innovation en mesure de le faire connaître du rectorat et de l’inspection, s’il cherche à obtenir une promotion.

La sincérité désarme les plus résistants

Par son comportement calme, ouvert, ferme mais réservé, la personne assertive coupe l’herbe sous le pied des agressifs pousse le passif à prendre position et fait tomber les protections excessives du manipulateur.

Quel enseignant n’a pas été attendri devant l’élève qui avoue sa faute, reconnaît sans détours sa responsabilité dans son retard, ses résultats faibles ou l’incongruité de sa question, décalée par rapport à la progression du cours ?


Celui qui dit calmement ce qu’il pense en tenant compte des rapports de forces, sans chercher à jouer le justicier ou l’innocente victime, gagne en considération et sait se faire écouter. Celui qui dit la vérité, qui demande tranquillement ce à quoi il a droit, qui se montre conscient des enjeux et prêt au compromis sans abdiquer, désarme ses détracteurs, obtient ce qu’il demande.
Aussi, le bon pédagogue trouve beaucoup de satisfaction à accepter l’assertivité pratiquée par ses élèves et à leur apprendre à l’utiliser plus souvent et à bon escient, entre eux, devant leurs enseignants, leurs parents et tous ceux qu’ils rencontrent.

Quand la pratique de l’assertivité est-elle déconseillée ?

Dans la vie en général, dans l’enseignement plus encore, il y a des situations complexes dans lesquelles les partenaires en présence sont, objectivement ou subjectivement, pris dans un réseau compliqué qui les prive de leur liberté et de leur autonomie. Ils refusent alors d’entrer dans un comportement assertif et ceux qui désirent déclencher chez eux ce comportement s’épuisent et se découragent.
L’obligation scolaire, l’impossibilité d’échapper à l’école créent la passivité et la démotivation de certains élèves en même temps qu’une agressivité inefficace de consommateurs frustrés. L’obligation du travail en équipe provoque chez certains collègues le même phénomène.
C’est pourquoi il est conseillé de ne pas essayer d’avoir un comportement assertif dans les cas suivants :

• Lorsque l’on est en rapport de forces défavorable.
• Lorsque les partenaires sont privés de choix personnel et démotivés.
• Lorsqu’il n’y a aucune issue concrète et réaliste pour régler un problème et proposer des suggestions fiables et faciles à mettre en oeuvre.
• Lorsque l’on se trouve devant des manifestations de passivité qui semblent relever d’un blocage psychologique profond (les enseignants ne sont pas des thérapeutes).
• Lorsqu’on risque de briser l’harmonie d’une situation dans laquelle les avantages sont largement supérieurs aux inconvénients.
• Lorsque l’on se trouve devant un ou des agresseurs menaçants (coups, armes blanches, racket).

Étude de cas

Les responsables de formation  travaillent avec beaucoup de sérieux et de réussite pour former les tuteurs d’entreprises et les futurs maîtres d’apprentissage. Ils sont la plupart du temps sérieux et prennent à cœur leur fonction. Ils sont souvent maladroits ou agressifs parce qu’ils manquent de temps et, de surcroît, ne connaissent pas la démarche assertive. Pour en faire de bons tuteurs et de bons maîtres d’apprentissage, il est nécessaire qu’ils sachent éviter certains écueils et insister sur certains points.

– Demander si l’enseignant est disponible, sinon prendre rendez-vous.
– Éviter les généralisations, les « jamais » et « toujours », être factuel et concret.
– Rassurer en disant ce qui va bien avant de soulever le point qui pose problème.
– Ne pas se dissocier du groupe-classe (« Moi, je vous trouve bien mais les autres… »), ne pas dire « vous » d’un ton accusateur, mais « nous » (n’arrivons pas à prendre des notes, à lire au tableau…).
– Ne pas accumuler les griefs ni chercher à changer un enseignant en énorme difficulté depuis des années dans l’établissement.
– Proposer des suggestions qui seraient en mesure de résoudre le problème.

La méthode DESC se décompose en 4 étapes :

1. Décrire la situation. (Analogie avec la communication non violente : étape  d’observation de la situation).

2. Exprimer son émotion.(Analogie avec la communication non violente : étape d’expression du ressenti).

3. Spécifier : exprimer ce que l’on souhaite

4. Conséquences : imaginer (ou de faire imaginer) les conséquences positives et heureuses de  l’action mise en place

Article et texte : Jean-François MICHEL (Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013) et 
Marie-Jo CHALVIN (Auteur «Prévenir conflits violences » Éditions Nathan)

(1) Carl Rogers :https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Rogers

(2) Le livre de Carl Rogers et Richard Evans Farson a été réédité et est disponible sur Amazon : « Active Listening Paperback – November 10, 2015» :https://www.amazon.com/Active-Listeni…https://www.amazon.com/Active-Listeni…

(3) Marshall Rosenberg,Nonviolent Communication: A Language of Compassion

(4) Gregg Henriques Ph.D Perceptions, Motives, and Emotions: A Control Theory Model – Pyschology Today – 2013

(5) Gordon H. Bower et Sharon Anthony Bower – asserting yourself 1976

 

Source: apprendre à apprendre.com

 

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Filles / Garçons : quels choix d’orientation ?

Le fait que les femmes et les hommes choisissent des domaines d’études différents peut s’expliquer par les perceptions traditionnelles des identités des deux sexes et des rôles qui leur sont dévolus, ainsi que par la valeur culturelle parfois associée à des domaines d’études particuliers. Certains domaines, comme ceux en rapport avec la science, l’ingénierie, la production et la construction, sont considérés comme plus « masculins » et sont privilégiés par les hommes, alors que d’autres, comme la santé et l’éducation, sont plus « féminins » et sont plus prisés par les femmes.

Parmi les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle, plus d’un homme sur deux a suivi une formation en rapport avec l’ingénierie, la production ou la construction.


Dans la quasi-totalité des pays dont les données sont disponibles, les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir opté pour ces domaines d’études ; en Estonie et en Norvège, les hommes constituent trois quarts de l’effectif diplômé à l’issue d’une formation dans l’un de ces domaines.

Répartition des diplômés du deuxième cycle du secondaire (filière professionnelle) dans les pays de l’OCDE, selon le domaine d’études et le sexe (2010)

Le domaine d’études principal des femmes varie entre les pays. Les femmes tendent à opter pour une formation en rapport avec les sciences sociales, le commerce ou le droit en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en France, en Indonésie, au Japon, en République slovaque, en République tchèque, en Slovénie et en Suisse.

Les formations les plus prisées par les femmes sont celles en rapport avec la santé et le secteur social en Australie, au Danemark, en Finlande, en Norvège, aux Pays-Bas et en Turquie, celles en rapport avec les services en Estonie, en Hongrie et en Pologne, et celles en rapport avec l’éducation, les arts et lettres et les sciences humaines en Corée, en Islande et en Suède. L’Argentine est le seul pays où les femmes optent plutôt pour une formation en rapport avec l’ingénierie, la production et la construction.

Diverses raisons expliquent pourquoi les hommes et les femmes choisissent des domaines d’études différents : leurs préférences personnelles, leur performance en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences, et leurs aspirations professionnelles.

Ces différences peuvent aussi être imputables à la politique de l’éducation si elle tend à orienter les élèves à un âge précoce en fonction de leur sexe. Abstraction faite des différences sociales, culturelles ou personnelles, hommes et femmes sont tout aussi capables de réussir dans tous les domaines. Les résultats du cycle PISA 2009 montrent qu’en compréhension de l’écrit, les filles l’emportent sur les garçons dans tous les pays de l’OCDE : l’écart de performance entre les sexes représente, en moyenne, l’équivalent d’une année d’études environ. Les garçons devancent les filles en mathématiques, mais font jeu égal avec elles en sciences (voir OCDE, 2010).

 

http://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/filles-gar%C3%A7ons-quels-choix-d-orientation-1350-8-7.html

 

Chine: premiers vols habités pour le drone-taxi

Dans la course aux taxis volants, la firme chinoise Ehang prend de l'avance. Elle vient de réaliser ses premiers essais avec passager à bord, le tout dans diverses conditions météo et avec plusieurs scénarios de vol.

Bientôt les taxis volants? Alors que la start-up A3, propriété d'Airbus Group, vient tout juste de réussir le baptême de l'air de son drone-taxi Vahana (sans passager à son bord pour le moment) avec un vol de 53 secondes, la firme chinoise Ehang semble tenir la corde. Elle vient de réaliser les premiers essais embarqués de son quadrirotor Ehang 184. Un petit bijou de technologie capable de transporter une personne et un bagage léger à près de 130 km/h et à une altitude maximum de 500 mètres, le tout pendant 25 minutes. Il y a quelques jours, l'entreprise a fait monter à bord des ingénieurs mais aussi des représentants du gouvernement chinois et le maire adjoint de la ville de Guangzhou. En tout, une quarantaine de personnes ont déjà volé dans ce drone-taxi.

Aucune connaissance de pilotage n'est nécessaire pour prendre place dans le cockpit. Ce drone-taxi est entièrement autonome et dépouillé de tout instrument de vol. Pour l'appeler, pas besoin de lever la main ni même de siffler, il suffit de commander sa course via un smartphone. Il faut ensuite rentrer sa destination à l'aide d'une tablette tactile placée à l'avant, et l'ordinateur de bord se charge du reste. Pour les moins confiants, pas de panique: le trajet est suivi en temps réel par un centre de contrôle au sol via une liaison 4G. «Si un quelconque composant se déconnecte ou connaît une défaillance, l'appareil se posera immédiatement dans la zone la plus proche possible», rassure Ehang. L'entreprise affirme avoir déjà effectué plus de mille vols à vide en toutes circonstances, de nuit, dans le brouillard ou par vent de force 7. Elle n'a toutefois pas précisé si l'appareil était contrôlé depuis le sol sur les images qu'elle a dévoilées.

Un secteur en ébullition

Il faudra cependant patienter un peu avant de voir les airs envahis par des taxis volants façon «Star Wars» ou «Cinquième élément». Ehang doit encore passer de nombreux tests avant de pouvoir homologuer ses appareils pour que ceux-ci puissent survoler des zones habitées. La ville de Dubaï, aux Émirats arabes unis, se montre très intéressée par ce type de transport. Elle avait annoncé vouloir lancer un premier service de drone-taxi en juillet 2017. Finalement, les premiers essais ont eu lieu en septembre dernier. Par ailleurs, l'entreprise chinoise n'est pas la seule à creuser le filon. Outre Airbus Group et son Vahana, Uber a récemment signé un partenariat avec la Nasa en vue de développer des drones-taxis. La firme allemande Volocopter et l'américain Boeing envisagent eux aussi de lancer leur propre service.

 

http://www.lefigaro.fr/societes/2018/02/08/20005-20180208ARTFIG00310-chine-premiers-vols-habites-pour-le-drone-taxi-ehang.php

Vouloir être premier de classe

Ecole

Aujourd'hui, dans le fonctionnement concret de l'école, les classements n'ont plus la même importance dramaturgique qu'autrefois, la sélection s'accommode d'une mise en scène plus sobre. Mais la figure du premier de classe ne peut laisser aucun ancien élève indifférent. Comment un adulte qui fut mauvais élève pourrait-il ne pas projeter son amertume ou sa rage sur les premiers de classe d'aujourd'hui ? Comment un excellent élève se défendrait-il d'avoir quelque sympathie pour ces élèves qui lui ressemblent ? Pourtant, rien n'est simple... Certains, qui n'étaient pas de bons élèves, regrettent de n'avoir pas été premiers et espèrent que leurs enfants le deviendront. D'autres, qui ont été parmi les meilleurs, rejettent violemment l'obsession du classement qui les a emprisonnés et empoisonnés durant leur jeunesse.

On pourrait s'en tenir, sociologiquement, à l'analyse des représentations de l'excellence scolaire (cf. Perrenoud, 1984, 1986, 1987) et donc des premiers de classe. J'adopterai ici une autre démarche, qui consiste à dresser l'inventaire de ce qu'on perd et de ce qu'on gagne lorsqu'en fonce tête baissée dans le piège scolaire (Berthelot, 1983).

Il y a premiers de classe et premiers de classe.

On peut être premier par accident, sans le vouloir, parce qu'il faut bien que quelqu'un se dévoue. Certains élèves se " promènent " dans le cursus avec une facilité qui laisse les adultes songeurs, et peut-être envieux. Là où d'autres doivent peiner, souffrir, se battre pour être et rester les meilleurs, d'autres sont premiers sans efforts. Comment leur reprocher de montrer qu'après tant de discours sur la différenciation, l'école demeure foncièrement incapable d'offrir aux enfants qui s'écartent trop de la moyenne des situations d'apprentissage à leur mesure ? Le premier malgré lui s'ennuie et ne tire guère de vanité de sa facilité, parce qu'il se découvre assez vite qu'à vaincre sans périls... Il arrive même qu'un élève très " doué " s'applique à paraître " normal ", pour éviter l'hostilité des uns ou la flatterie des autres. Les premiers de classes malgré eux sont en quelque sorte des déviants, qui ont intérêt à faire oublier et pardonner leur facilité aussi longtemps qu'ils sont astreints à la condition commune.

Que dire des autres, de ceux qui ne peuvent être premiers qu'à force de volonté et de travail ? Tordons d'abord le cou à certains clichés : tout premier de classe n'est pas forcément " lèche bottes " ou hyperconformiste ; on peut être premier sans être sérieux à en devenir sinistre, sans mener une vie monastique, sans prendre les allures du fort en thème rivé à sa table de travail et infirme sur le plan relationnel. On peut imaginer des premiers de classe heureux, non dénués d'humour, ouverts, sportifs ou attirés par le sexe opposé. Ne nous laissons pas piéger par les stéréotypes : leur fonction n'est-elle pas de protéger le plus grand nombre contre l'excellence de quelques uns ?

Des élèves " presque comme les autres "

Certains sont premiers de classe parce qu'ils ont simplement de meilleures notes, parce qu'ils travaillent mieux, sont un peu plus intelligents ou tiennent de leur famille un " capital culturel scolairement rentable ". Sans doute tirent-ils quelques bénéfices de leur première place : les louanges de leurs famille, peut-être quelque argent de poche supplémentaire, le sentiment de plaire au maître, l'admiration de quelques camarades. Rien qui autorise à parler sans nuances d'aliénation, d'obsession de la compétition ou de volonté de paraître. On peut être premier en travaillant raisonnablement, sans " sacrifier sa jeunesse " sur l'autel de la réussite scolaire ; on peut être le meilleur et fier de l'être sans écraser les autres ni devenir complètement dépendant des compliments et des classements. Je ne sais si la volonté d'être premier est une " bonne préparation à la vie ". Du moins est-ce une faiblesse fort répandue chez les adultes. On peut comprendre que certains enfants ou adolescents ne dédaignent pas ces instants de gloire : le spectacle de notre société suggère qu'ils ne sont pas les seuls à aimer les hochets, les médailles et les prix d'excellence. Certains adultes se vantent de savoir fabriquer la plus longue saucisse du monde ou de connaître par coeur le nom de tous les vainqueurs du tour de France, d'autres brillent parce qu'ils peuvent citer le nom du chef opérateur de Metropolis ou le cours en bourse des cent sociétés les mieux cotées. Notre siècle médiatique nous a habitué à admirer des performances de tous genres sans trop s'interroger sur leur sens. La course aux bonnes notes n'est certainement pas la plus absurde des formes d'excellence et il n'y a nulle raison de jeter la pierre aux élèves qui cèdent à la tentation de briller. Il y a beau temps que le moi n'est plus haïssable.

Je ne vise pas ici à réhabiliter des pratiques détestables. L'école a presque partout renoncé aux prix, aux tableaux d'honneurs, et même aux classements formels plus discrets. Dans beaucoup de système, le premier, au sens strict, n'est identifié qu'informellement, parce qu'on sait autour de lui qu'il est presque toujours le meilleur. Tant mieux ! On a mesuré que pour donner des prix, il fallait en refuser, qu'il n'y avait pas de premiers sans derniers, qu'on ne pouvait féliciter les uns publiquement sans humilier les autres. Les hiérarchies se font moins visibles, sous l'influence de divers discours critiques. Beaucoup d'enseignants primaires se sentent aujourd'hui volontiers coupables, sinon de distinguer les bons élèves, du moins de dévaloriser les autres. Les parents des bons élèves n'ont pas tous les mêmes hésitations : certains ne cachent pas qu'il regrettent le bon temps où les mérites de leurs rejetons auraient été publiquement affirmés. D'autres pensent cependant, comme beaucoup de maîtres, qu'un enfant peut investir raisonnablement dans le travail scolaire sans carotte ni bâton. Les images du travail et de la réussite ont changé. S'il faut prévenir le retour à une compétition omniprésente, il n'apparaît pas indispensable de traquer toute tentation de se prendre au jeu de l'excellence.

Ce qui devrait inquiéter en revanche, c'est qu'un adulte - maître ou parent - puisse, aujourd'hui encore, accorder quelque importance au classement en tant que garantie d'un niveau intellectuel, qu'on ose croire plus significatif d'être le premier de sa classe que le plus instruit des passagers de l'autobus.

Le premier au village...

Si l'on jette aujourd'hui un voile pudique sur les classements, est-ce parce que a saisi leur absurdité ? Pas sûr. Beaucoup d'enseignants et la majorité des parents croient encore que les bons élèves sont réellement plus instruits que les autres et qu'ils maîtrisent mieux les savoirs essentiels. Or rien n'est plus faux !

La plupart des moyennes et des classements s'établissent à l'intérieur d'une seule classe. À cette échelle, un bon classement n'est aucunement le gage de niveau élevé de formation. " J'aime mieux comme César être le premier au village que le second dans Rome ", écrivait Musset. La formule indique à merveille que, si le seul enjeu est d'être classé premier, mieux vaut se comparer à une population limitée et de niveau médiocre. On pourrait ajouter : mieux vaut rester dans son village et oublier qu'une autre compétition se déroule à Rome, sans quoi on pourrait déchanter...

Certes, selon les systèmes scolaires, il arrive qu'un bon classement vaille hic et nunc mieux qu'une bonne formation. Si c'est le classement local qui donne accès aux filières enviables du secondaire, on peut être tenté d'ignorer qu'un élève premier dans une classe faible serait parmi les derniers dans une classe forte. Mais le raisonnement est à courte vue : ce n'est pas son rang que l'élève investira dans sa scolarité secondaire, mais ses ressources réelles, scolaires et extrascolaires. Un brillant classement, s'il masque un faible niveau réel, ne fera illusion que le temps d'une admission. À l'inverse, un élève médiocrement classé dans un groupe fort aura beaucoup d'atouts, quand bien même son rang et ses notes laissaient présager des difficultés.

Plusieurs études (notamment celles d'A. Grisay) montrent que les notes et les classements des maîtres ont une forte corrélation avec le niveau relatif des élèves à l'échelle d'une volée, mais une corrélation très faible avec leur niveau absolu de compétence. Au-delà des bénéfices symboliques qu'il assure dans l'immédiat, le classement n'est pas un bon placement. Tout dépend du niveau réel de la classe et de l'établissement.

On peut imaginer des classements plus fiables, tels ceux que permettent des épreuves standardisées ou des procédures de modération (correction de l'évaluation locale en fonction du niveau moyen de la classe ou du district). Le classement devient alors un meilleur indice du niveau réel d'excellence scolaire à l'échelle d'une génération. Compte tenu du fonctionnement de la sélection et des conditions de survie dans le secondaire, il y a alors d'indéniables avantages à être parmi les meilleurs, ceux qui ont le choix et peuvent prétendre aux orientations les plus enviées.

Est-il payant de tendre toute son énergie pour être le meilleur des meilleurs ? La question n'est pas d'ordre moral. Dans un système où 95 % des élèves passent au degré suivant, que gagne-t-on à être premier ? Même question, par exemple, lorsque 70 % des élèves sortant de 6ème primaire à Genève accèdent aux sections prégymnasiales du Cycle d'Orientation.

On s'en doute, pour franchir le cap suivant, mieux vaut être dans la moitié la plus favorable du classement. Mais est-il intéressant d'être dans les 5 % les mieux classés, même à l'échelle d'un canton, plutôt que dans le quart le mieux situé ?

Ce qu'il en coûte d'être premier

Pour qu'un bon élève devienne ou reste un excellent élève, il lui en coûte (sauf s'il a une facilité peu commune) :

du travail, donc du temps et de l'énergie soustraits à d'autres activités ;du stress, de l'angoisse ;des exigences nouvelles (" Peut mieux faire ! ") ;un contrat implicite (ne pas déchoir, ne pas décevoir maîtres et parents) ;des tensions possibles avec une partie de ses camarades de classe ;une allégeance inconditionnelle aux exigences de l'école ;une accoutumance à la première place, avec la peur de la perdre.

Parfois le coût est plus dramatique : conduites obsessionnelles, angoisses aiguës, tensions psychologiques destructives, enfermement dans le rôle de bon élève, risques de dépression. La volonté d'être le premier peut conduire à ce qu'on peut appeler le " syndrome japonais ", à une forme de pathologie ou d'aliénation mentale relevant de la psychologie clinique. Il est alors évident que le coût est disproportionné. Mais on ne peut généraliser : on peut être premier sans vendre son âme au diable ni ruiner sa santé. Ce qui ne signifie pas que le jeu en vaut la chandelle !

Dans un concours ou un examen très sélectif, on ne prend que les meilleurs. Mais très souvent, dans les écoles d'aujourd'hui, on admet au degré suivant ou dans des filières difficiles des élèves assez médiocres. À quoi bon être premier ?

À chacun d'apprécier si la gloire et les récompenses équilibrent le coût de l'opération. Souhaitons seulement qu'aucun élève ne soit dans cette affaire prisonnier des ambitions et des fantasmes de ses parents et qu'on lui laisse la liberté de peser le pour et le contre. Il y a certainement des enfants et des adolescents pour lesquels l'admiration des autres justifie d'importants sacrifices. Pourquoi, au nom de quelle norme, refuser à quiconque le droit de renoncer à des loisirs et des libertés pour se sentir le meilleur ? Selon sa propre philosophie de la réussite et de l'existence, chacun appréciera diversement le sens d'une course aux trophées. Pour le sage vivant dans le dépouillement, la réussite sociale est un miroir aux alouettes, qui détourne de l'essentiel. À l'inverse, le manager ou le sportif de haut niveau ne conçoivent pas qu'on puisse vivre sans compétition ou en limitant ses ambitions. Les enfants et les adolescents héritent dans un premier temps de ces valeurs. L'important est qu'ils puissent s'en détacher si elles ne leur conviennent pas,

Encore faut-il ne pas assimiler recherche des honneurs et efficacité pédagogique. Rien ne permet d'affirmer que les premiers de classe sont sensiblement plus intelligents ou plus instruits que les bons élèves. Certains le sont et deviennent premiers sans effort, " par dessus le marché ". Ceux qui veulent être premiers ne s'assurent pas en revanche qu'ils atteindront un niveau plus élevé de développement ou de connaissance. Pour deux raisons qui tiennent à la fabrication des notes et à la nature de l'excellence scolaire.

Pour quelques dixièmes de plus !

Dans l'école actuelle, on attribue des notes, massivement. Il suffit de construire un barème qui fasse correspondre des notes à un certains nombre de points ou d'erreurs, ou à une évaluation synthétique d'un niveau. Or la logique des notes est d'utiliser toute l'échelle, à l'exclusion peut-être du zéro ou du un, qui n'ont plus la cote. Un maître qui ne mettrait jamais de " mauvaises notes " passe pour laxiste, un maître qui m'attribue pas la note maximale pour exagérément sévère, voire sadique. La plupart des enseignants sont donc conduits, dans la plupart de leurs épreuves, à fabriquer une hiérarchie utilisant les 3/4 de l'échelle. Techniquement, ce c'est pas très difficile : il suffit que l'épreuve soit assez sélective pour que seule une minorité d'élèves aient quelque chance de la réussir complètement. Les résultats s'étalent donc en une pseudo " courbe de Gauss ", qu'il suffit de découper artistement pour obtenir deux ou trois notes excellentes, un peu plus de très bonnes notes, davantage de bonnes et de moyennes, etc. Le premier est celui qui obtient les deux points qui le séparent du peloton des " viennent ensuite ", rien de plus. C'est celui qui a évité un piège, répondu à une question subsidiaire ou résolu un problème plus trapu, précisément glissé dans l'épreuve " pour faire la différence ". L'écart peut-être infime, de l'ordre de celui qui sépare ceux qui font deux erreurs et ceux qui n'en font aucune à la dictée de Pivot. Comme aux Jeux Olympiques, l'un monte sur le podium et l'autre pas, pour un centième de seconde, alors même que les performances sont extraordinairement proches et témoignent d'un niveau de maîtrise pratiquement équivalent.

Un surcroît de conformisme

On dira sans doute : prendre régulièrement un centième à ses concurrents, n'est-ce pas justement manifester une surcroît d'intelligence ou de savoir ? Pour l'affirmer, il faudrait être sûr que ces écarts reflètent des acquis durables et transposables. Or tout suggère au contraire que la différence se creuse souvent grâce au perfectionnisme, à l'obsession de ne faire aucune faute, à l'imitation servile des tics du maître. Les épreuves scolaires ne testent pas que des savoirs et savoir-faire fondamentaux. Elles vérifient pour une part le conformisme, le sérieux, la discipline, l'application de l'élève. On sait aussi que, très souvent, on demande aux élèves de refaire, en situation d'évaluation, des exercices du type de ceux qui meublent les manuels et le travail scolaire quotidien. La réussite scolaire est alors fonction non pas tellement de compétences de haut niveau que d'une capacité de reconnaître des indices, des consignes, des problèmes comme " déjà vus " et de mobiliser des procédures de résolution qui ont fait leur preuve dans un contexte voisin. Être premier plutôt que septième de la classe, c'est donc souvent être plus attentif, plus sensible aux formes, plus soigneux, plus ordonné. Et pas nécessairement plus capable de résoudre un problème nouveau dans un contexte nouveau. Il y a donc des raisons de penser que l'obsession du classement est un mauvais calcul si on la considère essentiellement comme garante d'une meilleure formation.

La maîtrise plutôt que le classement

Dans l'école telle qu'elle est, comment s'étonner que les " consommateurs d'école " jouent le classement plutôt que la maîtrise ? C'est justement la logique diabolique du piège scolaire : qu'on adhère ou non à la compétition comme valeur humaine, on peut difficilement s'en détourner sans conséquences graves. On connaît ce fil de Sydney Pollack, " On achève bien les chevaux ! ", qui met en scène, dans les années de dépression, des pauvres engagés dans un concours de danse que gagnera le dernier encore vaillant 24 ou 48 heures plus tard ! Chacun est, en principe, libre d'arrêter quand il veut. Mais il perd tout Et son partenaire avec lui... L'école précipite chacun dans une situation analogue. L'existence de premiers de classe n'est que la partie visible de l'iceberg, le témoignage de notre obsession de hiérarchiser. Pour rompre avec cette logique, il ne faut pas demander aux élèves et aux familles davantage de vertu. Il faut reconstruire le système scolaire et ses procédures d'évaluation dans le sens de la pédagogie de maîtrise, d'une pédagogie de maîtrise élargie, adaptée, mais conservant ce qui en fait l'essentiel : viser des compétences, des seuils vérifiables d'acquisition pour chaque élève, sans se soucier de les classer Lorsqu'on aura enfin accepté de définir des objectifs et de favoriser une évaluation formative, les premiers de classes deviendront une image nostalgique de l'ancien temps, de ce temps où on mettait des notes, au XXe siècle...

Références

Berthelot, J.-M. (1983) Le piège scolaire, Paris, PUF.

Bourdieu, P. (1979) La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Ed. de Minuit.

CRESAS (1981) L'échec scolaire n'est pas une fatalité, Paris, Ed. ESF.

Grisay, A. (1988) La pédagogie de maîtrise face aux rationalités inégalitaires des systèmes d'enseignement, in Huberman, M. (dir.), Maîtriser les processus d'apprentissage. Fondements et perspectives de la pédagogie de maîtrise, Paris, Delachaux & Niestlé, pp. 235-265.

Huberman, M. (dir.) (1988), Maîtriser les processus d'apprentissage. Fondements et perspectives de la pédagogie de maîtrise, Paris, Delachaux & Niestlé.

Perrenoud, Ph. (1984) La fabrication de l'excellence scolaire : du curriculum aux pratiques d'évaluation, Genève, Droz.

Perrenoud, Ph. (1986) De quoi la réussite scolaire est-elle faite ?, Education et recherche, n° 1, pp. 133-160.

Perrenoud, Ph. (1987) Anatomie de l'excellence scolaire, Autrement, pp. 95-100

Perrenoud, Ph. (1989) La triple fabrication de l'échec scolaire, in Psychologie française, n° 34-4, pp. 237-245.

Plaisance, E. (dir.) (1985) L'" échec scolaire " : Nouveaux débats, nouvelles approches sociologiques, Paris, Ed. du CNRS.

Repusseau, J. (1978) Bons et mauvais élèves, Paris, Casterman, 1978.

Vial, M., Plaisance, E. & Beauvais, J. (1970) Les mauvais élèves, Paris, PUF.

Début

Source originale :

http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1990/1990_02.html

L'adolescent, les risques de troubles du comportement, la dépression.

L'adolescence est une période particulière de la vie, souvent mouvementée et pas simple à aborder pour beaucoup de parents.
Les troubles qui caractérisent l'adolescence sont des alternances d'épisodes d'agitation, de calme, d'euphorie, de déprime. Il est difficile pour les parents de faire la part des choses, d'évaluer l'aspect anormal d'un de ces cycles et d'envisager une aide psychologique.

Souvent, au cabinet médical, on voit ou trop tard, ou trop tôt.

Alors qu'est-ce que la normalité ?

La particularité de l'humeur de l'adolescent est sa variabilité. Les épisodes durent de quelques jours à 1 ou 2 mois. Ces épisodes sont comportementaux, l'adolescent affronte ses parents le plus souvent, mais a de bonnes relations avec les adolescents de son âge et leurs parents. Il crée des liens.
Les troubles du comportement alimentaire (régime-boulimie) et les préoccupations organiques avec demande de soins chez le médecin sont plus fréquentes chez la femme que l'homme, ce qui n'empêche pas le garçon de se préoccuper de son aspect et de sa petite personne.



Devant quels signes s'inquiéter ?.

Les parents doivent donc veiller à ce que les troubles de l'humeur gardent leur variabilité et durent peu. D'autres éléments doivent alerter les parents. Ces éléments peuvent isolés ou présents à plusieurs.
Ce sont
-un repli anormal : l'enfant reste dans sa chambre, ne sort plus ou peu, communique très peu.
-des passions un peu obscures, envahissantes : Il passe des heures ou des journées à lire des livres ésotériques ou à avoir des activités stériles ayant plutôt pour caractéristique de l'isoler du reste du monde.
-une chute durable des performances scolaires.
-la dépression caractérisée par une dévalorisation, un repli, une tristesse, une absence de projection dans l'avenir, l'adolescent ne sait plus ce qu'il veut faire, il n'a pas de projet.
-des accès violents, des fugues. 1/3 des adolescents violents ont subi ou subissent des violences. Cela concerne surtout les garçons, mais pas exclusivement.
-la perte de poids et les vomissements pas toujours visibles, qui doivent faire redouter une anorexie mentale chez la jeune fille.
-les préoccupations somatiques excessives avec des consultations médicales augmentées sont un bon critère de mal être en particulier chez la jeune fille.



Quelles circonstances sont à risque ?

Il n'y a pas besoin de circonstances particulières pour qu'un enfant devienne un adolescent dépressif. Un enfant replié, anxieux, évoluera plus vers une adolescence à problème qu'un enfant extraverti, turbulent, même si le second est souvent moins bon élève.
Toutefois un certain nombre d'événements et de traumatismes peuvent amener un enfant bien dans sa tête à la dépression ou aux troubles du comportement.
Ce sont : les deuils (mal acceptés ou brutaux), les divorces (quand ils se passent mal mais aussi quand l'enfant ne l'accepte pas), les agressions physiques (coups, viols, racket), les climats de mal être familial (le chômage, la violence conjugale, la dépression parentale, l'alcool, les drogues).



Que craindre ?.

La dépression bien sûr. Une remarque toute simple, les enfants et adolescents ont une idée assez restrictive de la dépression. Ils en parlent mais en ont une représentation insuffisante voire pas de représentation (enfant). Dans ces conditions, un enfant ou un adolescent ne dira pas "je suis dépressif", sauf s'il en a un exemple proche. L'évocation de la dépression est donc avant tout une évocation parentale et du médecin. Le fait qu'un jeune patient dise "je ne suis pas dépressif" a une valeur très relative. Par contre, quand un jeune parle de suicide, il faut lui attribuer au moins la même valeur, sinon plus, que pour un adulte.

Les troubles du comportement, de type violent. Cela touche surtout les garçons.

Les troubles anorexiques. Cela touche surtout les filles.

Les usages de drogues. Les garçons consommeront surtout de l'alcool et des drogues interdites. Les filles consommeront surtout des médicaments. Mais ce n'est pas une règle absolue et les grandes dérives aboutissent à des consommations de tout par les uns et les autres.



Quelques conseils.

On trouve beaucoup de problèmes dans les familles où le dialogue manque. Ce n'est pas toujours spontané ni naturel. Il faut alors avoir recours aux centres psycho-pédagogiques dont on trouve l'adresse dans n'importe quel mairie. Ces prises en charge sont gratuites.
On trouve aussi beaucoup de problèmes dans les familles où le comportement parental ne permet pas à l'enfant d'anticiper sur les demandes et réactions des parents. Quand un parent punit un jour un enfant pour un acte donné, et rit le lendemain pour le même acte, ce n'est pas structurant pour l'enfant. Quand un parent refuse une aide à un enfant parce qu'il regarde la télévision, et lui reproche le lendemain une mauvaise note liée à ce refus d'aide, ce n'est pas structurant pour l'enfant. Ces attitudes aboutissent au fait que l'enfant ne peut prévoir ni s'expliquer les réactions parentales, ce qui est particulièrement anxiogène et aboutit à des adolescents mal structurés et fragilisés.

 

http://www.medecine-et-sante.com/maladiesexplications/adotroublesdepression.html

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